Lois 246
Loi n° 90-033 du 21 décembre 1990
portant Charte de l'Environnement malagasy
(J.O. n° 2035 du 24.12.90, p. 2540)
modifiée par la loi n° 97-012 du 6 juin 1997 (J.O.
du 09.06.97, p. 1171, Edition spéciale
et n° 2584 du 12.07.99, p. 1479)
L'Assemblée nationale populaire a adopté,
Le Président l de la République Démocratique de
Madagascar promulgue la loi dont la teneur suit :
TITRE PREMIER
GENERALITES
Article premier - La présente loi et son
annexe constituent la Charte de I’Environnement malagasy. Elle fixe le cadre
général d'exécution de la politique de I’environnement dont les modalités
seront définies par des textes réglementaires d'application.
Art. 2
- On entend par environnement
l'ensemble des milieux naturels et artificiels y compris les milieux humains et
les facteurs sociaux et culturels qui intéressent le développement national.
TITRE Il
PRINCIPES FONDAMENTAUX
Art. 3
- L'environnement constitue une préoccupation prioritaire de l'Etat.
Art. 4 - La protection et le respect de
l'environnement sont d'intérêt général. Il est du devoir de chacun de veiller à
la sauvegarde du cadre dans lequel il vit.
A cet effet, toute personne physique ou morale doit
être en mesure d'être informée sur les décisions susceptibles d'exercer quelque
influence sur l'environnement et ce directement ou par l'intermédiaire de
groupements ou d'associations.
Elle a
également la faculté de participer à des décisions.
TITRE III
MISE EN ŒUVRE
Art. 5 - Le plan d'action environnementale,
traduction de la politique nationale de l'environnement, constitue le fondement
de toute action dans le domaine de l'environnement.
Art. 6 - L'objectif essentiel est de
réconcilier la population avec son environnement en vue d'un développement
durable.
A cet effet, le plan se donne les objectifs suivants
:
- développer
les ressources humaines ;
- promouvoir
un développement durable en gérant mieux les ressources naturelles ;
- réhabiliter,
conserver et gérer le patrimoine malagasy de biodiversité ;
- améliorer le
cadre de vie des populations rurales et urbaines ;
- maintenir
l'équilibre entre croissance de la population et développement des ressources ;
- améliorer
les outils e gestion de l'environnement ;
- aider à la
résolution des problèmes fonciers.
Art. 7 - La gestion de I’environnement est
assurée conjointement par l'État, les CoIlectivités décentralisées, les organisations non
gouvernementales régulièrement constituées, les opérateurs économiques, ainsi
que tous les citoyens.
Art. 8 - Il appartient notamment à l'État :
- de définir
la politique environnementale ;
- d'organiser
des campagnes de sensibilisation en collaboration avec les Collectivités
décentralisées et les organisations non gouvernementales con cernées ;
- de faire
participer les partenaires ci-dessus évoqués aux décisions en matière de
gestion de l'environnement ;
- de
coordonner les actions environnementales ;
- de procéder
ou faire procéder à un suivi et à une évaluation des actions menées dans le
domaine de l'environnement ;
- de veiller à
la compatibilité des investissements avec l'environnement.
Art. 9 - La gestion de l'environnement repose
sur une structure nationale comprenant :
- une instance
de conception chargée notamment de l'élaboration de la politique
environnementale nationale ;
- un organe de
gestion, d coordination, de suivi et d'appui aux programmes et actions
environnementaux publics et privés.
Cette instance doit être consultée pour toute
question relative à l'environnement.
Art. 10 - Les projets d'investissements
publics ou privés susceptibles de porter atteint à l'environnement doivent
faire l'objet d'une étude d'impact, compte tenu de la nature technique de
l'ampleur desdits projets ainsi que de la sensibilité du milieu d'implantation.
Les projets d'investissement soumis à autorisation ou
à approbation d'une autorité administrative font également l'objet d'une étude
d'impact dan t les mêmes conditions que les autres projets.
Un décret précisera Ies modalités des études
d'impact, la procédure applicable en Ia matière, et l'organe habilité à la mise
en œuvre de ces études et procédures.
TITRE IV
DISPOSITIONS DIVERSES
Art. 11 - Les opérateurs exerçant dies
activités engendrant des effets néfastes sur l'environnement seront soumis :
- soit à des
obligations compensatrices ;
- soit au
paiement de pénalités au profit de l'État et dont les taux et les modalités de
perception seront déterminés ultérieurement.
Art. 12 - Toutes dispositions contraires à
celles de la présente loi sont abrogées.
Art. 13 - La présente loi sera publiée au Journal
officiel de la République.
Elle sera exécutée comme loi de l'État.
Promulguée à Antananarivo, le 21 décembre 1990
Didier RATSIRAKA
ANNEXE I
de la loi
portant Charte de l'Environnement Malagasy
RÉSUME
GÉNÉRALITÉS
TITRE
PREMIER : LES DONNÉES PERMANENTES DE L'ENVIRONNEMENT
CHAPITRE PREMIER : Atouts et potentialités
CHAPITRE Il : Handicaps et problèmes - La dégradation
de l'environnement.
CHAPITRE III : Les principales causes de la
dégradation actuelle de l'environnement.
31. Causes structurelles
311. Déséquilibre entre croissance démographique et
croissance économique.
312. Changements profonds de l'administration
publique.
32. Causes socio-économiques.
321. Un système Ide production suicidaire associé au
feu.
322. Un bilan énergétique déficitaire.
323. Une détérioration constante des termes de
l'échange.
324. La méconnaissance.
TITRE
II : POLITIQUE NATIONALE DE L’ENVIRONNEMENT
CHAPITRE PREMIER : Objectifs et principes.
11. Objectifs.
12. Principe fondamental
13. Cadre.
CHAPITRE II : Principaux axes.
CHAPITRE III : Conditions de réussite de notre
PNE.
TITRE
III : LA MISE EN ŒUVRE DE LA PNE
CHAPITRE PREMIER : Le Plan d’Action Environnementale
ou PAE.
11. PAE : Un schéma de développement pérenne.
12. PAE : Un plan d'impulsion, de coordination et non
de substitution.
13. PAE : Un plan d'application des orientations
nationales.
131. PAE et Charte de la Révolution Socialiste.
132. PAE et Ajustement structurel.
133. PAE et décentralisation.
134. PAE et désengagement de l'État des activités de
production.
135. PAE et libéralisation.
CHAPITRE Il : Un plan de mise en œuvre de la PNE.
21. Finalité.
22. Objectifs.
23. Stratégie d'approche et de mise en œuvre.
231. Approche des problèmes et mise en œuvre de leurs
solutions de manière intégrée.
232. Vision à long terme des actions à entreprendre.
233. Présentation des programmes du PAE aux
bénéficiaires sous l'angle de profits.
234. Pratique de la communication et du dialogue
plutôt que la transmission hiérarchisée des injonctions.
235. Mise en place de mécanismes appropriés pour des
myriades de petits projets environnementaux.
24. Stratégies sectorielles du PAE.
241. Développement de l'éducation, la formation et la
sensibilisation.
242. La conservation des sols.
243. La protection et la gestion du patrimoine de
biodiversité.
244. Développement du tourisme écologique.
245. Assainissement du cadre de vie rural et urbain.
246. Mise en place d'outils de gestion, protection et
suivi continu de l'environnement.
247. Mise en place d'un cadre institutionnel.
25. Stratégies régionales du PAE :
251. Les hautes terres centrales.
252. La région côtière de I’Est.
253. La zone intermédiaire de I’Ouest.
254. La région côtière de I’Ouest.
255. La région du Nord.
256. La région
du Sud.
TITRE IV :
LES PROGRAMMES DU PAE
CHAPITRE PREMIER : Le Programme Environnement I.
11. Ses objectifs.
12. Ses stratégies.
13. Ses composantes.
CHAPITRE Il : Le Programme Environnement Il.
21. Ses objectifs.
22. Ses stratégies.
23. Ses composantes
CHAPITRE III : Le Programme Environnement III.
31. Ses objectifs.
32. Ses stratégies.
33. Ses composantes
TITRE V : LE
CADRE INSTITUTIONNEL
CHAPITRE PREMIER : Principe d’organisation.
CHAPITRE Il : Structure institutionnelle Nationale
pour l'Environnement (SINE) ou CNCADC.
21. Vocation.
22. Mission.
23. Rôle.
24. Tâche spécifique
25. Composition.
CHAPITRE III : La structure consultative: la
Commission nationale de conservation pour le Développement.
26. Stratégie opérationnelle.
261. La sauvegarde.
262. La réhabilitation.
263. La création ou l'innovation.
CHAPITRE IV: la structure opérationnelle : I’Office
National pour l'Environnement.
41. Vocation.
42. Mission.
43. Rôle.
44. Tâches spécifiques.
45. En cas
d'alerte écologique.
CHAPITRE V : Les structures de gestion des opérations
: les agences d'exécution.
51. Vocation.
52. Mission.
53. Rôle.
54. T âches spécifiques.
La structure de mise en œuvre : les opérateurs.
1 .Vocation
2. Mission.
3. Rôle.
Les structures locales.
TITRE VI :
EFFETS ATTENDUS DE LA CEM.
CHAPITRE PREMIER : Charte et législation.
CHAPITRE Il : Charte, projets et plan
CHAPITRE III : Effets sur les Programmes en cours ou
futurs.
CONCLUSION
RÉSUMÉ
La Charte de l'Environnement Malagasy contient les
principes généraux et les dispositions traduisant en termes opérationnels et
dans le cadre du développement global de Madagascar, la politique nationale de
I’environnement.
Le point de départ de la Charte est constitué par les
données permanentes de l'environnement à Madagascar : l'homme, la terre et le
sous- sol, les écosystèmes, l'endémisme.
Avant d'aborder les dispositions concernant la
politique nationale de l'environnement, la Charte procède à une analyse de la
dégradation des ressources naturelles et de ses effets. Elle définit les grandes
lignes de la Politique Nationale de l'Environnement et en expose les principaux
axes (PNE). Une telle politique nécessite une mise en œuvre opérationnelle.
La Charte définit cette mise en œuvre en exposant le
Plan d' Action Environnementale (PAE). Elle situe le PAE par rapport aux grands
problèmes de l'Etat : la décentralisation, le désengagement de l'Etat, la
libéralisation.
Les programmes du PAE se conforment à une stratégie
qui est définie à tous les niveaux par la Charte.
Cette stratégie comporte en particulier la mise au
point de projets prioritaires intitulés "Projets Environnements"
(PE). Cette action d'ensemble qui comporte ainsi la Politique Nationale de
l'Environnement, le Plan d'Action Environnementale, et les projets
environnements, rend nécessaire la mise en place d’un cadre institutionnel
étroitement lié à l'organisation constitutionnelle et administrative de la
République Démocratique de Madagascar.
Ce cadre comprend :
- une
Structure Institutionnelle Nationale pour l'Environnement (SINF),
- une
structure consultative: la commission nationale de conservation pour le
Développement :
- une
structure opérationnelle : l'Office National pour l'Environnement (ONE)
- des
structures de gestion des opérations.
Si I’État joue un rôle d'impuIsion et de mise en
place, les responsabilités opérationnelles principales de la Politique
Nationale Environnementale devraient revenir aux Collectivités décentralisées,
aux associations et groupements de citoyens, au secteur privé.
La mise en œuvre de la Politique Nationale
Environnementale serait ainsi le fruit d'une action collective de coopération
et de partenariat.
GÉNÉRALITÉS
PRESENTATION DE LA CHARTE DE
L’ENVIRONNEMENT MALGACHE
Le présent texte qui détermine le cadre général de
conception et de l'exécution de la politique de l'environnement fait partie
intégrante de la loi n° 90-033 du 21 décembre 1990 portant Charte de
l'Environnement Malagasy. Il comporte notamment :
- les
principes généraux qui doivent constituer la base de toutes les actions ayant
pour objet la protection et la promotion de l'environnement ;
- les mesures
et les dispositions générales tendant à traduire en termes opérationnelles, et
dans le cadre du développement global du pays, la politique nationale de
l'environnement ;
- les règles
fondamentales devant inspirer toute action nationale ou régionale, collective
ou individuelle, dont l'objectif est de protéger l'environnement ou de
promouvoir une activité économique ou sociale pouvant avoir pour conséquence
une atteinte préjudiciable à l'environnement.
Dans la présente Charte, on entend par environnement
l'ensemble des éléments qui conditionnent et déterminent l'activité humaine et
notamment :
- l'entourage
biologique : l'homme, la flore, la faune ;
- l'entourage
physique : l'équilibre biologique, les ressources naturelles, le climat, le sol
;
- l'entourage
socioculturel : le patrimoine matériel ou culturel engendré par la nature ou
créé par l'homme, l'organisation sociale ;
-
l'interaction de ces différents éléments.
On entend par dégradation de l'environnement :
- toute action
entraînant directement une exploitation abusive des richesses naturelles
renouvelables par rapport à leur capacité de régénération ;
- toute
croissance directe ou indirecte engendrée par une exploitation abusive de
l'environnement.
Doit être assimilée à des actions de dégradation
toute activité qui, sans directement porter atteinte à l'environnement, peut
constituer à terme une menace ou un danger.
Environnement et développement :
Dans le présent texte, l'action environnementale ne
doit pas se réduire à la seule protection et à la sauvegarde des ressources
naturelles, des espèces rares ou des sites. Elle est inséparable des actions
pour un développement économique et social durable. On entend par Politique
Nationale de I’Environnement (PNE), l'ensemble des mesures qui déterminent les
orientations des actions de protection de l'environnement. Cette politique ne
peut être figée dans un texte ; la Charte de l'Environnement Malagasy doit être
évolutive.
Le Plan d'Action Environnementale (PAE) est constitué
par l'ensemble des mesures adaptées en vue de la mise en œuvre de la PNE.
Le PAE nécessite l'adoption de diverses dispositions
de mise sur pied. Il s'agit des Programmes Environnements (PE) qui peuvent
comporter des phases (PE première phase ou PE 1, PE deuxième phase ou PE2,
etc.)
Environnement et cadre 'institutionnel :
Une action rationnelle et efficace pour la protection
de l'environnement ne peut se concevoir que dans un cadre institutionnel approprié.
Ce cadre doit comprendre une Structure
Institutionnelle Nationale pour l'Environnement (SINE) assistée d'une structure
consultative (CNCD).
La SINE doit disposer d'un organe d'exécution :
l'Office National pour l'Environnement (PNE).
Des structures de gestion des opérations reçoivent la
charge de la mise en œuvre au sein de ce cadre institutionnel.
TITRE PRELIMINAIRE
LA GENESE DE LA CHARTE DE
L'ENVIRONNEMENT MALAGASY
Véritable sanctuaire de la nature, Madagascar a
toujours eu des traditions de protection, de conservation et de promotion de
l'environnement.
Cet environnement exceptionnel se traduit notamment
par une très grande diversité humaine et écologique, un ensemble unique
d'écosystème, un endémisme qui atteint environ 80 p. 100 pour la faune et 90 p.
100 pour la flore, des espèces spécifiques et en définitive un patrimoine ayant
une valeur exceptionnelle aussi bien pour la communauté scientifique que pour
le développement du pays.
L'existence de cet environnement exceptionnel a
provoqué depuis les temps les plus anciens des mesures coutumières et
législatives de protection.
Les souverains se sont préoccupés de la sauvegarde
des forêts et de la terre ancestrale, aussi bien dans les régions centrales que
dans tous les anciens royaumes qui ont été à l'origine de la nation malagasy.
Depuis les Kabary d'Andrianampoinimerina jusqu'au
Code des 305 articles de 1881, en passant par les traditions orales ayant
valeur de loi, tous les souverains ont édicté des règles de protection des
ressources naturelles et de limitation de I’exploitation abusive des produits
miniers et forestiers.
Durant la période de la colonisation, les étrangers
ont été frappés par la spécificité et l'originalité de la flore et de la faune
malgache ainsi que de la variété des ressources minières.
Quels que soient les objectifs poursuivis -
exploitation économique ou recherche scientifique - le législateur colonial a
multiplié les actions, notamment en créant les réserves, les parcs nationaux,
les stations forestières, la réglementation des cultures itinérantes, la
création d'organismes tels notamment l'Institut de la Recherche Scientifique de
Madagascar en 1946.
Sous la première République, différentes actions ont
été maintenues tandis qu’un important effort législatif a porté
particulièrement sur la protection des forêts. A ces actions a été
particulièrement ajouté un programme de reboisement dont les résultats n'ont
pas toujours été à la hauteur des efforts attendus.
Dans le même temps, la République Malgache a adhéré à
diverses Conventions internationales pour la protection de la nature et des
ressources naturelles et s'est associée à divers programmes internationaux dont
celui de l'UNESCO sur l'homme et la biosphère. Elle a abrité en 1970 une
Conférence Internationale sur l'utilisation rationnelle et la conservation de
la nature. Dans le domaine strictement législatif, cette période a été marquée
par une aggravation des dispositions répressives protégeant les ressources naturelles.
Mais c'est principalement à partir de 1972 que des
programmes d'envergure ont été conçus; aussi bien les pouvoirs publics que
certaines associations privées ont pris conscience de la dégradation de
l'environnement. Toutes les mesures antérieures se sont révélées insuffisantes
pour faire face à la destruction lente mais sûre de la terre ancestrale, du sol
national et des ressources naturelles, soit par la main de l'homme, soit comme
conséquences indirectes des actions économiques ne prenant pas suffisamment en
compte la protection de la nature.
Des mesures nouvelles ont été prises pour gérer et
conserver le domaine forestier national pour lutter contre la destruction lente
du sol et pour engager une véritable lutte contre la dégradation des
écosystèmes de production. Le législateur a agi dans trois directions :
- tout d'abord
le bloc juridique. Charte de la Révolution Socialiste et Constitution de 1975
ont élaboré une philosophie faisant de la priorité des ressources naturelles
I’un des fondements de I’organisation sociale, affirmant que l'homme
(développement de tout homme et développement de tout l'homme) est au centre de
toutes préoccupations de la Révolution.
Or, l'homme n'est pas un être abstrait mais un
individu vivant au sein d'un environnement qu'il convient de sauvegarder, de
protéger et de promouvoir.
- un
changement de mentalité doit s'opérer, passant par une double série de mesures
législatives :
des mesures incitatrices ;
des mesures répressives accrues.
- en 1984 a
été adoptée la Stratégie Malgache pour la Conservation et le Développement
Durable (SNC), connu sous le nom de Stratégie Nationale pour la Conservation.
Dans le même temps était créée une commission nationale de conservation pour le
développement (décret n° 84-445 du 14 décembre 1984).
Les axes principaux de cette Stratégie Nationale de
la Conservation pour le Développement tournaient autour des thèmes suivants :
- la
conscientisation des populations ;
- la
participation de tous les malgaches ;
- le
changement de comportement et d'approche vis-à-vis de l'environnement ;
- l'amélioration et accroissement des connaissances ;
- la
compétence ;
- la capacité
d'évaluer.
Un Centre National de Recherche sur I’Environnement
était créé postérieurement.
Complétant les importantes initiatives, le rôle des
centres de recherches et les structures ministérielles concernées par
l'environnement ont été renforcés.
A partir de novembre 1987, des recherches
approfondies sur la question de I’environnement ont été effectuées tandis que
les travaux importants inspirés de la Stratégie Malgache de la Conservation
pour le Développement ont contribué à mieux cerner la notion
dl"environnement développement".
A ces efforts de réflexion et de rénovation des
concepts sur l'environnement, se sont joints les initiatives d’organismes
privés. Il convient à cet égard de citer la création et I’action dynamique du
WWF.
L’ensemble des réflexions ainsi menées a abouti à
l'élaboration d’une véritable Politique Nationale de l'Environnement.
TITRE PREMIER
LES DONNEES PERMANENTES
DE L’ENVIRONNEMENT
Madagascar est une île continent de près de 592.000
km2 présentant une très grande diversité humaine et écologique. A travers cette
diversité, il convient de retrouver les constantes que constituent atouts et
potentialités, handicaps et problèmes. On retrouve les éléments qui sont les
constantes de l'évolution actuelle : l'homme, la terre et le sous-sol, les
écosystèmes, I’endémisme.
CHAPITRE PREMIER
Atouts et potentialités
L'homme :
La densité de la population, bien que très variable
sur l'ensemble de l'île, est en moyenne faible. La production agricole est
toujours l'activité économique prépondérante, fournissant le tiers du PIB et 80
p. 100 des recettes en devises.
Le niveau d'éducation de la population, bien
supérieur à celui des pays possédant des revenus par habitant comparables
constitue un atout à exploiter en vue d’un développement.
Actuellement, il est constaté au niveau des cadres et
décideurs du pays une élévation de la conscience environnementale. Elle n'est
pas encore hélas parvenue jusqu'à la masse populaire et notamment paysanne qui,
le plus souffre de la destruction de l'environnement.
Cette non-propagation de la conscience
environnementale semble être due à plusieurs raisons dont essentiellement :
- le manque
d'information et de connaissance des réels problèmes environnementaux et leurs
causes ;
- le manque de
structure pouvant porter le message environnemental adéquat aux populations
cibles ;
- le manque de
moyens requis pour la réalisation d'une action massive, intensive et intégrée
en faveur de l'environnement ;
- l'absence
d'un cadre institutionnel approprié pour élaborer et mettre en place une réelle
politique de l'environnement malgache.
La terre et le sous-sol :
Les réserves foncières sont encore considérables bien
que difficiles à mettre en valeur eu égard au relief montagneux, relief qui par
contre constitue un atout dans le domaine énergétique notamment
l'hydroélectricité.
Les ressources minérales et minières du sous-sol
malgache recèlent des potentialités appréciables à ce jour encore
sous-exploitées.
Les écosystèmes :
On sait qu'un ensemble d'éléments végétaux, animaux
et microbiens intégrés à leur environnement forme un système écologique riche :
l'écosystème.
La communauté internationale a consacré Madagascar
comme un ensemble unique et précieux d'écosystème. Ceci est largement lié à la
taille de l'Ile et à l'histoire de son évolution depuis sa séparation d'avec le
continent africain. Au total, Madagascar est reconnu comme un des sept pays
dans le monde abritant une richesse écologique extraordinaire, au même titre
qu'un géant comme le Brésil.
L'endémisme :
L’endémisme atteint environ 80 p.100 pour la faune et
90 p. 100 pour la flore. Des espèces entières sont spécifiques à Madagascar,
comme les célèbres Lémuriens et de nombreuses sortes de batraciens et de
reptiles.
Ce patrimoine revêt un intérêt particulier pour la
communauté scientifique et peut être mis en valeur en relation avec le
tourisme.
A long terme, cette richesse peut aussi produire des
biens et des services de grande valeur : la pharmacopée nationale est
encore incomplète, et des plantes et des principes thérapeutiques sont
peut-être cachées dans les plantes peu ou pas valorisées. Actuellement, on a
recensé quelques 12.000 espèces ligneuses qui risquent de disparaître au rythme
de la dégradation des ressources naturelles.
CHAPITRE Il
Handicaps et problèmes - la dégradation de
l'environnement
Les dernières décennies ont vu s'opérer une baisse
continue de la qualité de l'environnement, ainsi qu'une régression quantitative
des formations naturelles, en particulier de la forêt primaire, habitat d'une
grande partie de la faune et de la flore qui donnent à l'île son caractère
unique.
Le couvert forestier recule, selon la FAO à un taux
proche de 200.000 hectares par an, sous la pression conjuguée des défrichements
pour culture itinérante, du prélèvement de combustibles ligneux, de la
surexploitation du bois d'œuvre et des incendies périodiques.
Malgré l'imprécision des données statistiques,
imprécision due à la carence généralisée d'outils permettant d'évaluer très
exactement la situation et l'ampleur de son évolution, il est possible
d'affirmer que les indicateurs de la qualité de l'environnement ont évolué à la
baisse au cours des quarante dernières années.
L'érosion est présente sur la quasi-totalité des
sols, et entraîne une baisse de fertilité et un coût accru des entretiens
d'infrastructures hydrauliques et routières, ainsi que des dommages sur les
écosystèmes marins.
L'ensemble de ces dégradations a un effet qui dépasse
largement le cadre écologique proprement dit. Un chiffrage rapide effectué par
les bailleurs de fonds du PAE a conduit à une estimation d'un coût annuel pour
l'économie compris entre 125 et 360 milliards de FMG, soit 5 p. 100 à 15 p. 100
du PIS.
De manière encore plus préoccupante, I’extrapolation
directe des tendances en matière de population et de ressources naturelles
prévient de l'avènement des conditions très difficiles pour le pays si une
action d'ampleur n'est pas entreprise aussitôt que possible.
En particulier, des estimations modérées en matière
démographique montrent que, quelles que soient les hypothèses techniques
retenues, la surface rizicole requise pour nourrir les Malgaches en l'an 2010
dépasse les surfaces raisonnablement mobilisables pour cette culture.
La forêt ne compterait plus que la moitié de la
surface actuelle, et seule 6 millions d'hectares resteraient boisés en 2015.
L'ensemble de ces considérations a fait dire que
Madagascar semblait être aspirée dans une spirale de dégradation.
Cette évolution, et ses effets pervers sur les
Malgaches sont une des principales préoccupations nationales.
Toutefois, les solutions à mettre en œuvre sont
complexes, lourdes et Ia mise en pratique est handicapée par les difficultés de
communication physique à l'intérieur de I’île.
CHAPITRE III
Les causes de dégradation
de l'environnement
Si le facteur de dégradation principale reste
l'homme, ses motivations et les causes sont
multiples. Il s'y ajoute d'autres causes.
Ce qu’on peut a priori dire, c'est que ces
motivations sont essentiellement basées sur des considérations économiques et
sociologiques, auxquelles s'ajoutent des facteurs d'ordre historique, culturel
et politique. Quoi qu'il en soit, la connaissance exacte de ces causes, des
motivations et du processus aboutissant à l'acte de dégradation s'avère
fondamental si l'on veut attaquer le mal à sa racine.
Il y a cependant des facteurs non maîtrisables par
nous-mêmes comme les facteurs régissant l'économie mondiale. Il ne s'agit pas
de les occulter mais de faire en sorte que leurs effets ne soient pas
prépondérants ni irréversibles.
Parmi les explications du processus de dégradation
dans lequel est plongé le pays, quelques unes reviennent constamment dans les
conclusions de nos techniciens.
31. Causes structurelles
311. Le déséquilibre entre la croissance
démographique et la croissance économique :
Ce déséquilibre a entraîné malgré les efforts de
développement une paupérisation constante de la population.
Cette paupérisation aggravée par une mauvaise
répartition de la population a entraîné des pressions démographiques très
importantes au niveau des zones de production agricole et industrielles et des
zones d'exploitation des ressources naturelles.
Les conséquences régionales d'une pression
démographique importante se retrouvent essentiellement au niveau de :
-
l'exploitation des terres et des ressources naturelles ;
- la santé
publique.
- la sécurité.
312. Les changements profonds de l'administration
publique :
Les changements apportés dans l'administration
traduisant les principes de démocratisation et de décentralisation ont été mal
compris par la population, laquelle, a considéré la mise en place des VIP comme
une démission de l'État (Fanjakana ray aman-dreny) et a interprété la
démocratisation comme une libéralisation individuelle ou collective débridée.
Une telle incompréhension totale de ces concepts
fondamentaux de démocratisation et de décentralisation, c'est-à-dire de
responsabilisation des collectivités de base et de développement autocentré
s'est soldée par un délabrement de la morale publique et par une désaffection
de l'application des lois existantes, laquelle s'est traduite par
l'inopérationnalité des responsables, complètement dépassés par la dégradation
en spirale de I’Environnement.
La mauvaise application de la décentralisation du
pouvoir associée à la dégradation du pouvoir d'achat de la population a
entraîné l'instauration inexorable de la corruption à tous les niveaux et
partout.
Par ailleurs, I’excès d'étatisation des facteurs de
productions économiques a complètement désaffecté l'initiative individuelle
privée, principal moteur du développement économique vécu auparavant par le
pays.
Enfin, il a été constaté que les feux de brousse
outre leur signification économique traduisent très souvent une forme de
mécontentement de la population, vis-à-vis de l'administration.
C'est ainsi que les périodes électorales coïncident
toujours à un accroissement important des nombres de feu et une
démultiplication effarante des surfaces brûlées.
32. Des causes socio-économiques :
321. Un système de production suicidaire associé
au feu :
Le tavy qui constitue un système ancestral de
production basé sur le défrichement itinérant des forêts naturelles constitue
un des principaux facteurs de dégradation de l'environnement avec la pratique
des feux de brousse.
Les deux fléaux dont les mécanismes et les
motivations sont très compliqués devraient être combattus sur le plan
socio-économique, la législation n'étant qu'un appui.
En effet, tant que la gestion des terres dépendra de
l'autorité de Tangalamena qui détermine les zones annuelles de tavy, tant que
le zébu sera le centre de la civilisation de tout un peuple, et tant que le riz
sera considéré comme étant le seul aliment du Malgache, il serait hasardeux de
vouloir résoudre les problèmes environnement aux Malgaches sans se focaliser
sur ces points fondamentaux.
322. Un bilan énergétique déficitaire :
Malgré le potentiel énergétique dégagé par les
ressources hydroélectriques, la grande majorité des Malgaches utilise encore du
bois pour ses besoins quotidiens de chauffe. Le bois de chauffe et le charbon
qui se ramènent encore au feu constituent une menace extrêmement grave pour le
maintien de l'environnement malgache. En effet, si l'éclairage au pétrole, à la
bougie ou à l'électricité a pu entrer dans les mœurs malgaches, l'utilisation
du charbon ou du bois, même dans les grandes villes reste très largement
répandue pour la cuisson du repas familial. Ce repas familial qui, d'ailleurs,
nécessite énormément d'énergie car composé de riz et d'un plat d'accompagnement.
Face à ces besoins pourtant, le pays ne dispose à
l'heure actuelle ni de ressource pétrolière ni de charbon naturel exploitables
économiquement.
323. Une détérioration constante des termes
commerciaux :
Madagascar, pays essentiellement producteurs vit sur
l'exportation de ses produits agricoles.
D'un autre côté, le pays se doit de se doter :
- de moyens de
production ;
- d'intrants
divers ;
- de bien de
consommation pour son quotidien.
Si au. niveau des exportations, les prix des matières
premières et des produits s'effondrent régulièrement, au niveau des
importations, le prix des produits manufacturés augmente entraînant un
appauvrissement constant du Pays, l'obligeant à faire face à ses problèmes quotidiens
donc de produire à outrance plutôt que de se préoccuper du long terme,
c'est-à-dire conserver.
Et ce souci est bien légitime car il est plus urgent
de survivre. Vivre mieux sera un autre objectif.
L'appauvrissement constant du Pays a été d'autant
plus durement ressenti par la population que l'érosion monétaire dont a fait
l'objet le franc malgache, a diminué très considérablement son pouvoir d'achat.
324. La méconnaissance :
Il ne faut pas non plus affirmer que Ie paysan
détériore son environnement sciemment et en toute connaissance de cause.
Souvent les croyances ou les idées héritées du passé
sont tellement tenaces que les habitudes qui en découlent sont extrêmement
difficiles à changer. D'autant plus qu'aucune alternative n'est proposée.
Comme par ailleurs, certains projets même nationaux
ignorent les règles élémentaires de conservation ou de protection
environnementale, il est évident qu'on ne peut demander à un paysan d'imaginer
les dégâts d'un feu de brousse de la région du Vakinankaratra sur les mangroves
ou le port de Mahajanga.
TITRE Il
POLITIQUE NATIONALE DE
L'ENVIRONNEMENT
CHAPITRE PREMIER
Objectifs et principes
La Politique Nationale de l'Environnement détermine
l'ensemble des orientations à donner à notre environnement ainsi que les principes
qui doivent être respectés pour sa mise en œuvre. De ce fait, elle ne peut être
définitive puisque le cadre dans lequel elle a été élaborée aura changé dans
I’espace et dans le temps.
En conséquence, la Charte de l'Environnement Malgache
elle-même ne peut être qu'évolutive. En effet, l'expérience vécue devrait créer
des visions nouvelles et des concepts nouveaux. Cette Charte devra donc
s'améliorer régulièrement sur la base de la consolidation permanente des
acquis, fruit d'un suivi rigoureux des actions menées.
Cette évolution peut concerner les principes, les
objectifs, les moyens. L'essentiel étant de donner la meilleure politique et
les meilleurs moyens pour le développement durable et équitable de notre pays.
1. Objectifs :
La Politique Nationale de l'Environnement est une
politique tenant compte de la globalité des problèmes environnementaux,
sociaux, économiques et culturels. Elle vise à rétablir un équilibre durable et
harmonieux entre les besoins de développement de l'homme et les soucis écologiques.
Elle s'efforcera donc de situer le développement par
rapport à la conservation, d'en limiter et d'en définir les interactions,
interactions dont les conséquences, en définitive, ne se font ressentir que sur
deux points majeurs :
-
l'homme ;
- son
environnement physique.
L'ambition de la Politique Nationale de
l'Environnement (PNE) n'est autre que de réconcilier ces deux entités pour les
amener à une symbiose.
2. Principe fondamental :
Notre Politique Nationale pour l'Environnement prend
sa source dans un constat d'échec des diverses actions environnementales qui
ont été menées jusqu'à ce jour. En effet, malgré tout ce qui a été dit et fait,
le pays est aspiré dans une spirale dé dégradation inexorable ressentie par
certains comme une fatalité. Cet échec, à l'analyse, est le fruit de plusieurs
facteurs dont essentiellement :
- l'absence
d'un plan d'action accepté et acceptable par les divers intervenants ;
- l'absence de
moyens à la mesure des problèmes ;
- l'absence
d'une coordination efficace des actions menées sur le terrain.
Par ailleurs, au centre du problème de la dégradation
de l'environnement se trouve l'homme qui est I’auteur et la victime de la
dégradation. Il est donc primordial d'axer tous les efforts sur lui afin de
connaître ses besoins fondamentaux, ses motivations, sa vie sociale, sa culture
et les processus qui le mènent à la pratique de dégradation de son propre
environnement.
En réalité, quelle que soit la forme de l'action de
l'homme sur son environnement, cette action n'est dictée que par des soucis
économiques de vie ou de survie.
C'est pourquoi, aucune action environnementale ne
peut se dissocier d'une action de développement en faveur de l'homme. C'est la
raison pour laquelle le concept de conservation ne peut être dissocié de celui
du développement. En effet, "il ne peut y avoir de conservation de
l'environnement sans développement, la conservation devant être le fruit d'un
développement rationnel en harmonie avec la nature".
Ce principe fondamental doit guider toute action en
faveur de l'environnement à Madagascar.
D'autre part, en raison de son caractère unique dans
le monde, le patrimoine environnemental malgache est considéré comme patrimoine
de l’Humanité dont la gestion doit être naturellement laissée aux soins des malgaches
et la responsabilité partagée avec la communauté internationale.
En d'autres termes, si la biodiversité à Madagascar
est bien conservée, c'est la communauté internationale qui en profitera. Or, la
nation malgache se doit de faire face à des problèmes immédiats du quotidien
qui ne sont pas nécessairement compatibles avec les soucis environnementaux de
long terme. La communauté internationale se doit donc de soutenir cet effort de
conservation et de financer pour permettre à la nation de joindre les nécessités
quotidiennes aux priorités de demain.
3. Cadre fondamental
Notre Stratégie Nationale de la Conservation pour le
Développement, promulguée en 1984, reste le fondement de notre politique de
l'environnement. Cette Stratégie met l'accent sur l'homme dans sa biosphère,
l'accroissement de son savoir, sa sensibilisation et l'impact escompté de son
changement de comportement vis-à-vis de son environnement. Elle s'appuie sur la
mobilisation et la participation de tous les Malgaches à tous les niveaux avec
un accent particulier sur le VIP devant mieux prendre en charge la protection
et la gestion de leurs terroirs.
Il nous faut cependant aller au-delà de la
conservation pure pour tirer le meilleur parti de l'ensemble de nos ressources
naturelles. Nous intégrons notre politique de l'environnement dans le
développement global du pays. Il est urgent d'agir et de mettre en œuvre cette
politique sans plus tarder pour enrayer la dégradation croissante de notre
patrimoine et le restaurer progressivement pour le bien être de la population
malgache et celui des générations futures.
C'est pourquoi, notre politique de l'environnement
fait partie intégrante de la politique de développement global de notre pays.
La lutte que nous avons entreprise contre la paupérisation, le rétablissement
des équilibres financiers internes et externes, l'accroissement de notre
sécurité alimentaire ne peuvent réussir que dans la mesure où nous arrêterons
la dégradation de nos ressources et saurons restaurer les équilibres physiques
de notre environnement.
L'ajustement structurel de notre gestion économique
doit être lié à l'ajustement de la gestion de nos ressources naturelles. De
même, le succès de notre politique environnementale dépend de l'efficacité de
notre lutte contre la paupérisation, la pauvreté étant la cause et l'effet
majeur des problèmes globaux de l'environnement.
CHAPITRE Il
Les principaux axes de notre politique
de l'environnement
Le but de
notre politique est de réconcilier la population malgache avec son
environnement pour que la génération actuelle et, celles à venir puissent y
vivre en totale harmonie. Dans cet esprit, notre politique s'articule autour
des cinq objectifs suivants :
i. Développer les ressources humaines. Le Malgache
reste le pivot de notre politique. Pour cela, il est nécessaire de :
renforcer la sensibilisation et la
formation des populations ;
susciter la participation de la
population notamment en renforçant les mouvements associatifs pour compléter,
soutenir ou parfaire la capacité de gestion publique ;
"moraliser la vie
publique" par rapport à notre culture, notre législation, notre besoin de
développement, etc. ;
renforcer le thème
"environnement', dans les programmes d'éducation générale et développer les
filières de formation et de recherche ;
exploiter et développer toute
forme de vecteur pour passer le message "environnement".
En effet, il est hors de question en l'état actuel de
nos possibilités d'utiliser les technologies et matériels de pointe non encore
maîtrisables par nos techniciens pour conserver notre environnement.
Il s'agit surtout de mobiliser cet énorme potentiel
de main d'œuvre que constitue la population rurale, d'en réveiller les sens et
la compréhension de son milieu et d'en dynamiser les actions. Il nous faut
renforcer le thème environnement dans les programmes d'éducation divers et
développer les filières de formation professionnelle pour que le pays dispose
de cadres compétents en quantité suffisante.
ii. Promouvoir un développement durable, équitable et
bien reparti sur le territoire national en gérant mieux les ressources
naturelles. Il s'agit à la fois :
-
d'inventorier les ressources naturelles pour les gérer et planifier
judicieusement leur utilisation ;
- d'économiser
les ressources naturelles partout et sous tous les aspects (économie de
combustible ligneux, de carburants importés, de bois pour la construction,
d'eau, en agissant sur l'offre comme sur la demande, etc.) ;
- de mieux
valoriser les ressources naturelles localement (reboisement, agroforesterie,
conservation des sols, réduction de la pollution des eaux, etc.) ;
- de
réhabiliter et/ou maintenir la fertilité naturelle du milieu et stimuler sa
capacité de résistance aux maladies et parasites en favorisant d'une part les
plantes et arbres améliorant l'emploi de fertilisants produits localement et,
d'autre part, les méthodes douces de lutte phytosanitaire intégrée ;
- de mettre un
accent particulier sur les zones peu peuplées à fort potentiel pour pouvoir
décongestionner progressivement celles où la pression démographique sur les
ressources est particulièrement forte ;
- de
référencier les investissements pour que ces derniers assurent la pérennité du
développement sans porter préjudice aux ressources naturelles.
Une importance particulière doit être donnée à la
détermination, à la prévision et à l'interprétation des répercussions d’un
projet sur la qualité de vie de l'homme, sur son environnement, sur les
écosystèmes dont dépend sa survie.
A cet effet, la législation sur I’environnement doit
comporter des dispositions prévoyant la réglementation des études d’impact.
iii. Réhabiliter, conserver et gérer le patrimoine
malgache de biodiversité qui est unique au monde et y appuyer le développement
d'un tourisme original écologique en :
- créant et
gérant des aires protégées et développant les zones périphériques sur le plan
économique ;
- réhabilitant
et en protégeant partout le milieu naturel ;
- coordonnant
conservation et tourisme divers (de découverte, de pêche et de chasse, de
santé, balnéaire, etc.).
iv. Améliorer le cadre de vie des populations rurales
et urbaines, ce qui suppose au niveau des VIP :
- d'aider au
renforcement des finances locales (institution et collecte d'impôts, ...) ;
- d'aider au
renforcement des services techniques locaux ;
- de
développer et améliorer les équipements collectifs ainsi que leur gestion.
Afin qu'au niveau urbain ou villageois, la population
puisse bénéficier d'une amélioration sensible des conditions de vie quotidienne
(santé, éducation, transport, nourriture, logement, etc.).
Il y a lieu également de préserver et mieux gérer le
patrimoine architectural et socioculturel de nos villes et campagnes, atout
supplémentaire pour le développement du tourisme.
v. Veiller à maintenir l'équilibre entre croissance
de la population et développement des ressources. Il nous faut maîtriser notre
taux de croissance démographique par une politique dynamique de population en
association avec une bonne distribution des activités économiques entre nos
régions.
CHAPITRE III
Les conditions de réussite de notre politique
environnementale
De la réussite de notre politique environnementale
dépend la survie du malgache à terme, et le droit à l'erreur est d'autant plus
étroit que la situation actuelle est précaire. Il est donc urgent de donner le
maximum de chance de réussite à cette politique. Pour ce!a, sept conditions
préalables devront être remplies qui sont les suivantes :
i.
Dynamiser le cadre
institutionnel
Il ne s'agit pas de développer une nouvelle
bureaucratie pour I’environnement mais plutôt d'insuffler un esprit nouveau aux
institutions existantes et leur faire prendre conscience de leurs
responsabilités respectives pour mieux préserver et gérer l'environnement malgache
et de mieux les équiper pour remplir ce mandat. Le gouvernement est chargé de
promouvoir cet esprit nouveau, ce sens de I’entreprise pour que les Malgaches
reprennent en main leur environnement.
Pour la mise en œuvre de notre politique, les
principaux acteurs sont les utilisateurs des ressources à la base, et non
l'Etat.
ii. Désengager l'État
L'environnement étant l'affaire de tous, l'État doit
céder sa place aux opérateurs privés, son rôle; étant de définir la politique,
de développer les incitations nécessaires, de suivre et d'évaluer les actions
sur le terrain. Cependant, il doit se désengager progressivement de toute
action directe sur le terrain là où il n'a pas d'avantage comparatif par
rapport au VIP, aux opérateurs privés et individuels. Cela implique la
stimulation des associations d'usagers, les ONG et des entreprises privées
appelées à préserver et mettre en valeur les ressources du pays. Ce processus à
terme devra responsabiliser le maximum d'intervenants dans la conservation
environnementale ;
iii. Intégrer l'environnement dans notre processus
de planification à moyen et long terme
Rappelons encore que la gestion de notre patrimoine
de ressources naturelles est partie intégrante de notre développement global.
Il nous faut lutter contre la tendance d'aujourd'hui qui traitait de
l'environnement comme d'un "secteur" plus ou moins marginal, en
dehors des affaires économiques. Au contraire, l'environnement doit être au
cœur de notre réflexion, en particulier Iors de la conception et de
l'évaluation, à tous lés niveaux, des programmes de développement du Pays ;
iv. Améliorer les outils de maîtrise de
l'évolution de notre environnement, affiner notre politique et pouvoir agir en
temps opportun
Il nous faut rénover notre cartographie et utiliser à
notre mesure les techniques de télédétection .Il nous faut améliorer notre
information dans le cadre de banques de
données simples, intégrées et performantes. Il nous faut développer des méthodes
d'études d'impact sur l'environnement pour ne retenir dans nos programmes
d'investissements que ceux qui conduisent à un développement durable et à une
bonne rentabilité économique et sociale sans entamer notre capital de
ressources naturelles. Il nous faut enfin introduire dans notre comptabilité
des indicateurs prenant en compte l'évolution de ce capital dans le temps et
dans l'espace.
v. Développer la recherche dans le domaine de
l'environnement
Tout en soulignant la nécessité de cette recherche,
il faut se garder de vouloir tout entreprendre. Les programmes à mettre en
œuvre devront être établis strictement en fonction des priorités du pays et
mettre l'accent sur la recherche appliquée en s'appuyant sur les réseaux
internationaux pour les aspects fondamentaux ;
vi. Définir une politique de la population claire
et applicable en vue de quantifier et qualifier les besoins réels prévisibles
de la Nation à court, moyen et long terme
Cette politique de la population traduite en terme de
projection dans le temps permettra de planifier toutes les actions de
développement national et par Ia même occasion de prévoir les menaces pesant
sur I’environnement malgache.
La connaissance préalable de ces menaces nous
permettra de définir dès à présent :
- les
orientations futures à donner à notre politique environnementale ;
- les plans à
élaborer afin que le développement des générations futures ne soit pas
handicapé par des problèmes environnementaux et vice versa ;
- les actions
à mener dans l'immédiat pour donner de meilleures perspectives aux générations
futures ;
vii. Assainir les relations entre l'homme et son
espace
Résolution des problèmes fonciers.
Cet assainissement qui consiste à rapprocher un
environnement riche et prometteur et des populations pauvres et vivant dans des
conditions de survie passe nécessairement par une régulation des relations
homme/environnement donc résoudre le binôme besoin/conservation.
La nécessité de régler les problèmes de sécurisation
foncière par les méthodes traditionnelles et non aliénation de la terre mais à
jouissance "éternelle" de celle-ci mérite un approfondissement de la
question tant sur le plan institutionnel que méthodologique.
TITRE III
LA MISE EN ŒUVRE DE LA PNE
La mise en œuvre de la PNE nécessite la traduction de
cette politique en plan d'action, ce plan d'action en programmes, ces
programmes en opérations.
CHAPITRE PREMIER
Le plan d'action environnementale ou PAE
Le Plan d'Action Environnementale est l'ensemble des
dispositions adoptées en vue de la mise en œuvre de la PNE. C'est un plan à
long terme exécutable sur au moins 15 ans compte tenu du fait que le
renversement des tendances environnementales accumulées depuis des siècles ne
saurait se faire en un plan quinquennal.
C'est un plan finançable dans sa plus grande partie
par des donateurs internationaux et plus marginalement par des crédits
contractés par I’État malagasy.
1. PAE : Un schéma de développement pérenne
Le PAE ne doit pas être un plan figé. C'est un plan
de développement pérenne conçu et programmé par les Malgaches sur les besoins
malgaches.
S'appuyant essentiellement sur les divers acteurs du
développement en dynamisant leur capacité décisionnelle, organisationnelle et
financière, le PAE a l'ambition de donner une possibilité de développement
centré sur le Malgache.
Aussi le PAE dans l'élaboration de ses programmes et
de ses projets s'inspirera-t-il essentiellement des aspirations des communautés
de base ou du terroir pour réellement apporter la solution au trinôme terroir
-aspiration -capacité.
Le principal paramètre de réussite du PAE devra donc
se mesurer par le taux d'appropriation par les communautés cibles des
alternatives apportées par le PAE. L'appropriation étant le degré de
participation de ces communautés dans les opérations menées ainsi que leur réel
engagement à entretenir les travaux effectués.
2. PAE : Un plan d'impulsion, de coordination et
non de substitution
Le PAE, dans sa conception, se doit d'imprimer une
dynamique sociale, structurelle et administrative à l'action environnementale.
Dans les premières années de sa mise en œuvre, un de
ses objectifs fondamentaux serait de donner une impulsion réelle et pérenne à
toute conception ou action touchant l'environnement.
Cette dynamique de l'action environnementale est
basée sur une coordination précise et claire des divers intervenants, en
particulier ceux ayant un contact direct avec la population.
Il nous faut donc renforcer toutes les structures
déjà en place et les redynamiser pour ne pas avoir à se substituer à elle lors
de l'attribution des responsabilités.
En effet, le danger de la substitution se présente
sous deux aspects :
- substitution
aux institutions de conception, de décision ou de réalisation ;
- substitution
au niveau du financement de projets ou opérations institutionnellement dévolus
aux ministères en baptisant toute action non financée par le budget dudit
ministère "action pour l'environnement".
Cependant, s'il faut utiliser ce qui existe, la
nouveauté de l'application du concept environnemental dans le processus de
développement contraindra certainement à l'innovation notamment dans la
création de nouvelles structures de gestion ou d’opération au niveau national
et/ou régional.
Par ailleurs, le PAE n'est pas une excroissance dans
l'organigramme national. En effet, cet organigramme national embrasse la
quasi-totalité des divers aspects de la vie nationale. D'autre part, elle a ses
ramifications partout au niveau local. Il n'est donc plus opportun de créer une
ramification de plus.
L'expérience montre que les diverses actions de
développement menées par les organismes internationaux, nationaux, ministériels
et des VIP ne visent en général qu'une seule et même population et
simultanément mais SOUS des thèmes différents :
-
administration territoriale ;
- santé ;
- éducation ;
-
vulgarisation agricole ;
-
infrastructure rurale ;
- eaux et
forêts ;
- etc.
Si l'environnement n'est pas un secteur, dans
l'application quotidienne de son concept il doit apparaître comme un
"esprit", qui doit prévaloir dans tous les secteurs pour faire face à
des préoccupations différentes. Il doit donc être un souci permanent dans la
conception, la mise en œuvre et l'évaluation de tout projet.
L'environnement étant l'affaire de tous, il est
logique que tout technicien, tout citoyen de ce pays participe à cet effort
environnemental, transmette ses idées, les défende et les applique dans
l'accomplissement de ses actes de travail quotidien.
Dans son rôle de coordinateur des actions
environnementales, le PAE se doit d'être au courant de tout ce qui se passe au
niveau du terroir, d'être en mesure de répondre aux questions : « Qui fait
quoi, où, quand, comment ? " et d'insérer le concept d'environnement dans
les réponses.
En définitive, les seuls rôles opérationnels
incombant à la structure de coordination du PAE peut se résumer en deux
missions bien distinctes :
i. Mission permanente qui implique des
responsabilités concernant le suivi et l'évolution du Plan d'Action
Environnementale lié au plan national de développement économique, l'amélioration
de la législation, l'appréciation des études d'impact des investissements ayant
un effet sur l'environnement (EIE), le suivi et l'évaluation des programmes
touchant l'environnement, la gestion des systèmes d'information sur
l'environnement, la coordination des actions en matière de communication,
sensibilisation, éducation et formation dans le domaine de I’environnement.
ii. Mission temporaire répondant à la
nécessité de coordonner les actions des programmes environnementaux divers sur
les plans techniques, financiers et institutionnels, d'assurer les liaisons
avec les bailleurs de fonds.
3. PAE: Un plan d'application des orientations
nationales
31. PAE et Charte de la Révolution Socialiste
L'intégration du PAE dans cette Charte est d'autant
plus naturelle que le centre de ses préoccupations est et reste l'homme pour
son développement universel et total. "Développement de tout homme et de
tout l'homme".
De ce développement autocentré et autogéré, base d'un
développement inexorable et durable doit découler une attitude en harmonie avec
l'environnement de l'homme. C'est pourquoi, le PAE doit être un plan de
développement pour la conservation en vue de donner à l'homme la possibilité de
perpétuer harmonieusement ce progrès.
Le PAE s'inspire donc des grandes figures de la
Charte de la Révolution malgache fondement du système actuel pour orienter ses
actions. Il en précise les idées et les instruments dans le cadre de la
conservation associé au développement.
32. PAE et Ajustement structurel
Si le CASEP prend en charge la redynamisation des
structures économiques en vue du règlement des problèmes d’équilibre
financiers, le PASAGE tend à alléger les contraintes sociales trop pesantes
pour la population malgache .
33. PAE et Décentralisation
L'instrumentation de la décentralisation du PAE se
retrouve à plusieurs niveaux :
Décentralisation de la
décision :
Elle se matérialise par la prise en considération des
aspirations du terroir en "besoin exprimé", et en "besoin
latent". Dans le processus de mise en œuvre d'un projet, cette
décentralisation au niveau du terroir représente l'identification du projet. A
un niveau plus élevé de la structure territoriale, la somme globale des
aspirations doit représenter l'ébauche du schéma global de développement de la
région ou du Faritany.
Décentralisation de l'organisation
:
Cette forme de décentralisation permet de donner
réellement aux collectivités cibles la possibilité de prendre en main la
réalisation de ses aspirations dans le cas où cette collectivité cible est la
même que la collectivité réceptrice ou bénéficiaire.
Sinon, la décentralisation est matérialisée par
l'accouplement de ces deux entités pour prendre en main la programmation et la
mise en œuvre de l'opération. Au niveau supérieur, cette décentralisation
organisationnelle rejoint l'ébauche du schéma global de développement de la
région pour être un programme de développement régionalisé.
Décentralisation budgétaire :
Le PAE étant un plan d'impulsion se doit dans un
premier temps de faire la liaison entre les besoins du court terme et les
priorités environnementales associées au développement du long terme. Il y a
donc nécessité pour ce PAE de combler les lacunes financières générées dans le
temps par ces deux préoccupations.
Cependant, ce soutien financier limité dans le temps
doit aboutir à la mise en place de mécanismes pérennes d'autofinancement des
collectivités pour assurer leur autosuffisance budgétaire au niveau régional.
L'autosuffisance budgétaire associé au programme de développement régionalisé
donnera un plan national de développement régionalisé centré sur la population
et géré par elle-même.
34. PAE et désengagement de l’Etat des activités
de production
Ce désengagement ne signifie pas démission. En effet,
l'Etat reste responsable, des actes publics ainsi que de la délimitation des
politiques diverses.
Le contrôle a
posteriori basé sur :
- le plan de
travail et de budget annuel ;
- les audits
de comptes et de procédures peuvent rester du domaine de I’État ou de ses
démembrements.
Par contre, le désengagement de l'État du domaine des
opérations devra être accompagné de la mise en place du manuel de procédure et
l'élaboration des normes.
D’autre part, ce désengagement, corollaire de la
décentralisation, devrait se traduire au niveau de la réalisation des
opérations par l'utilisation de structures en dehors du cadre figé de
l'Administration.
Enfin, il ne s'agit pas de "désadministrer"
le Plan, il s'agit surtout de faire en sorte qu'il y ait moins d’ingérence de
l'administration tout en améliorant sa participation au niveau des opérations.
Moins d'administration mais mieux d'administration.
35. PAE et libéralisation
Le jeu de la libéralisation consiste à donner aux
opérateurs les règles du jeu économique pour que chacun puisse s'évaluer, se
placer et définir ses créneaux au niveau du PAE. Cela se traduit en priorité
par la mise en place claire de ces règles et leurs fondements.
D'autre pari, les mesures d’accompagnement
nécessaires à la mise en œuvre d'une politique de libéralisation appelle la
mise en place :
- d'un
agrément général de responsabilité, donc de procédures diverses et à tous les
niveaux ;
- de norme ;
- de critères
de performance et de paramètre d’efficience (sociaux et économiques) ;
- de mode de
contrôle et d'appréciation des résultats (audit, contrôle permanent, etc.)
En d'autres termes, le jeu de la libéralisation, du
désengagement de l'État et de la décentralisation nécessite la réhabilitation
d'un "esprit de normes".
Pratiquement, le PAE, chaque fois que la possibilité
se présentera, se doit de faire jouer la concurrence, laisser les opérateurs
(quels qu'ils soient) faire leur travail mais cadrer l'évolution de ce travail
dans les optiques et objectifs fondamentaux du PAE.
CHAPITRE Il
PAE : un plan de mise en œuvre de la PNE
Les orientations techniques qui matérialisent cette
mise en œuvre sont extraites principalement des conclusions émises par les
techniciens malgaches depuis novembre 1987 avec l'aide des experts des
bailleurs de fonds.
Elles ont été dictées par le souci constant
d'associer intimement le développement à la conservation sans perdre de vue le
rôle essentiel joué par l'homme qui reste le point focal de la résolution des
problèmes de la dégradation de l'environnement.
1. Finalité
Enrayer la spirale de la dégradation en réconciliant
la population avec son environnement.
2. Objectifs
Il n'est de réussite d'un programme de conservation
que si la population, actrice de la dégradation, accepte de changer ses
habitudes.
Ce changement d’habitude du paysan, son acceptation
de la vision du "demain", restent I’objectif ultime du PAE.
Au niveau de la conception des programmes
environnementaux, cela sous entend de la part du concepteur :
- l'abandon de
« l'esprit projet » et des « objectifs projets » qui
généralement, ont pour conséquence la désaffection du groupe cible à la fin du
projet ;
- l'abandon de
« l’esprit d'assistance » et d'apport permanent.
Pour cela, tout doit être mis en œuvre car ce n'est
qu'à ce stade que réellement la guerre pour la conservation et le développement
sera gagnée.
3. La Stratégie d'approche et de mise en œuvre du
PAE
La stratégie du PAE est celle adoptée par le
Gouvernement en 1984 avec quelques ajustements et compléments. Elle insiste à
juste titre sur l'homme dans sa biosphère, l'accroissement de son savoir, sa
sensibilisation et l'impact escompté de son changement du comportement
vis-à-vis de son environnement.
Elle s'appuie sur la mobilisation et la participation
des principaux acteurs de la vie sociale, économique et politique avec un
accent particulier sur les communautés de base devant prendre en charge la
protection et la gestion de leurs propres terroirs.
Cette masse paysanne qui constitue 85% de la population
active représente un formidable potentiel de main-d'œuvre réceptrice et
malléable car relativement instruite et qui traditionnellement organisée en
famille, tribu et clan, présentant une structure suffisamment solide pour
pouvoir être formée et initiée aux problèmes de conservation. En tout état de
cause, la sensibilisation de cette masse paysanne, particulièrement prolifique
s’avère urgente afin de rétablir un correct équilibre entre la croissance
démographique et les ressources économiques et naturelles nationales.
31. Approche des problèmes et mise en œuvre de
leurs solutions de manière intégrée :
La dégradation résultant de la conjugaison de
nombreux facteurs, il est nécessaire de traiter le problème de manière globale
et simultanée pour le meilleur résultat possible.
A cet effet, il est indispensable de se fixer des
priorités et des pôles de développement, de synchroniser les actions des
différents projets de manière à les rendre convergents et éviter des
"saupoudrages", plus démagogiques qu'efficaces.
Par ailleurs, il est nécessaire d'intégrer les
visions des problèmes tant de manière "verticale"
qu'"horizontale" dans le sens commercial, économique du terme.
Cependant, cette vision globale des problèmes doit se traduire par des actions
localisées, précises mais efficaces et répondant aux objectifs et stratégies du
PAE.
Quelles que soient la quantité et la qualité des
aides reçues de la communauté internationale, et bien que le problème de
l'environnement malgache relève du domaine universel, le Malgache est et reste
le premier responsable de son environnement. Pour cela, il doit mettre en place
des actions qui, pour être efficaces, doivent être soutenues sur une longue
période (15 à 20 ans). Le problème n'est donc pas seulement de trouver un financement
à long terme, mais encore de mettre en place des systèmes pouvant fonctionner
de manière pérenne et autonome.
Il va sans dire donc que les actions menées doivent
être à plus ou moins long terme rentables, que des mécanismes de financement
assurent leur pérennité.
33. Présentation des programmes du PAE aux
bénéficiaires sous l'angle de l'intérêt :
Tout programme du PAE doit être présenté aux
bénéficiaires sous un aspect "intérêt". En effet de I’effort fourni
doit résulter un profit. Ceci implique la notion fondamentale d'alternative
attrayante. En effet, sans ces alternatives, il est illusoire de vouloir
changer les habitudes.
Les actions du PAE doivent donc être conçues de
manière à concilier les exigences de survie et les priorités de la
conservation.
34. Pratique de la communication et le dialogue
plutôt que de la transmission hiérarchisée des injonctions :
La communauté de base et les populations doivent être
traitées en responsables ultimes de leur environnement. Cette
responsabilisation nécessite outre la formation et la sensibilisation de la
population, son encadrement multisectoriel et pluridisciplinaire.
Car le risque d'instaurer au sein d’une collectivité
une mentalité d'assisté est grand quand cette collectivité n’a été associée ni
à l'élaboration ni à la réalisation pratique d’un projet. On assiste alors à
une désaffection du paysan dès lors que le projet se termine et l'on se rend
compte qu’en fait, l'opération n’a profité au groupe cible que le temps de son
financement.
Il est donc essentiel pour la pérennité des résultats
d'instaurer un esprit de dialogue et un contrat de responsabilité claire entre
le groupe cible et l'encadrement de l'opération et que réellement ce groupe
soit le responsable des décisions, de la programmation et de la réalisation de
I’opération : l'encadreur n'étant qu'un simple appui.
Pour y arriver, il est essentiel que le niveau de
dialogue soit le même entre les cadres d'opération et le paysan. Aussi, est-il
urgent que préalablement ou tout au moins simultanément à toute action terrain,
la sensibilisation et la formation populaire soient effectuées. Sur le plan
national, le réveil de la conscience environnementale doit faire l'objet d'une
attention toute particulière par l'utilisation et la combinaison de toute forme
de communication et de toute forme de vecteur, notamment les ONG, les
organisations religieuses et leurs satellites, les militaires, les
fonctionnaires, les entreprises, etc.
35. Mise en place de mécanismes appropriés pour
des myriades de petits projets concernant l'environnement (protection de
bassins versants, agroforesterie, plan d'aménagement de terroir villageois,
gestion des forêts et de réserves naturelles, etc.) :
Les circuits traditionnels de l'administration
publique sont adaptés pour les grands investissements mais beaucoup moins pour
les petits projets.
Pour les projets PAE dont les effets et l'envergure
peuvent être très localisés, il conviendrait d'élaborer un schéma de mise en
place dont les paramètres de financement (utilisation de réseaux bancaires) de
préparation technique (projet type dont le canevas général est préparé à
l'avance) et de réalisation (utilisation d'association d'usagers, VIP, ONG)
constitueront un mécanisme léger, adaptable et évolutif utilisable à dessein.
Les myriades de petits projets ne peuvent être conçus
sans un soutien de sensibilisation correct et réciproquement. En effet, il
n'est pas question de réaliser une opération non comprise et acceptée par un
terroir comme il n'est pas envisageable
de faire de la sensibilisation/formation sans actions pratiques sur terrain. Il
va sans dire que ces microprojets se doivent d'être pérennes quant à leur effet
ou à leur utilisation.
Une attention particulière devra donc être fournie
quant à l'entretien des travaux qui seront effectués et à la responsabilité du
terroir sur son utilisation.
Les myriades de petits projets devront permettre de
dynamiser les structures de base concernées dans leur prise en main de leur
propre développement notamment au niveau de leur capacité d'organisation, de
décision et surtout de mise en œuvre qui en définitive devrait être l'occasion
d'une redistribution de revenu au niveau du terroir.
C'est pourquoi il est important que des mécanismes
soient étudiés pour qu'à chaque situation puisse être trouvée une procédure
rapide d'identification, de programmation, de mise en œuvre, de contrôle et de
paiement. Ces mécanismes devront être les plus simples possibles et consignés
dans des manuels de procédure afin d'éviter les interventions intempestives
diverses.
L’Etat n'étant pas structuré pour mener à bien
d'aussi petites actions, il est nécessaire sur le plan institutionnel de mettre
en place une structure légère mais performante de gestion de ces mini-projets.
Cette structure de gestion devra, de par sa
souplesse, être à même de mobiliser les forces vives de la région ou du terroir
ainsi que les techniciens des services décentralisés pour mener à bien ces
opérations.
4. Stratégies sectorielles
Ces stratégies par thème peuvent être considérées
comme des étapes obligées par la réalisation des objectifs globaux du PAE. En
effet, elles définissent dans leurs grandes lignes les points essentiels de la
définition des programmes environnementaux.
Ces points sont :
41. Développement de l'éducation, de la formation
et de la sensibilisation à la protection et à la gestion de
l'environnement :
Ce point constitue l'épine dorsale de la mise en
œuvre du PAE. En effet, il ne peut y avoir de conservation sans participation
effective de la population sans que celle-ci ne soit éduquée, formée et
informée des problèmes de l'environnement et de leurs conséquences sur la
production. Ces thèmes de la formation, éducation, sensibilisation doivent être
élaborés et conçus de manière extrêmement soignée, car les modes de formation
ou de sensibilisation ainsi que les vecteurs doivent être adaptés aux groupes
cibles qui changent d'une région à l'autre, voire d'un terroir à l'autre d'un
même Fokontany.
Cette élaboration et cette conception ainsi que la
mise en œuvre des solutions doivent être effectuées avec la participation de
toutes les forces vives nationales notamment celles ayant un accès direct sur
le terrain.
42. La gestion des bassins versants :
La gestion des Bassins Versants (BV) revêt une
importance fondamentale sur le plan économique. En effet, l'érosion est la
cause de dégâts majeurs dans les secteurs de production agricole et marine,
notamment la riziculture et les ressources halieutiques dans les estuaires.
D'autre part, elle oblige le surdimensionnement des
infrastructures telles que les routes, barrages, ponts augmentant d’autant les
sommes à investir. Enfin, l'érosion des sols astreint à un entretien périodique
plus important et plus rapproché de ces infrastructures.
A ce jour, les estimations les plus optimistes de
perte économique due à l'érosion des sols sont évaluées à environ 200 millions
de dollars par an.
Les axes de la conservation des sols doivent être
orientées vers les relations paysans/recherche ; vulgarisation/éducation ;
formation/sensibilisation d’une part, et vers une amélioration de la sécurité
foncière d'autre part.
43. La sécurité foncière :
Sans sécurité foncière, il est difficile de demander
au paysan de prendre soin de la terre ou de la mettre en valeur de manière
rationnelle.
Il s'agit donc d'aider les institutions, les VIP et
même les groupes cibles à trouver des règles qui leur permettent de gérer
convenablement la terre afin de la conserver mais aussi pour que cette dernière
leur permette de vivre décemment.
Ces règles, une fois mise en place, devraient faire
l'objet de suivi permanent dans leur application (possession, utilisation,
etc.).
44. La protection et la gestion du patrimoine de
biodiversité :
En même temps qu'il faut reconstituer le couvert
végétal national, il est aussi urgent de sauvegarder ce qui existe déjà et qui
est menacé à brève échéance de disparition. Il faut agir vite et pour cela,
l'aide internationale doit être rapidement mobilisée pour sauver ce qui reste.
Cependant, il ne faut pas que dans notre hâte nous
oublions que cette richesse de notre biodiversité doit nous profiter et qu'elle
n'est richesse que si elle peut être exploitée.
Il s'agit d’apprendre à exploiter de manière
rationnelle afin de ne pas "tuer la poule aux œufs d'or". Ainsi,
l'exploitation forestière, comme celle de la faune ou de la flore doivent-elles
être conçues de telle sorte qu'elles soient source de base de développement
durable.
C'est dans cette optique que le PAE doit encourager
le tourisme écologique.
L'avantage de Madagascar par rapport à d'autre pays
est de pouvoir combiner la gestion et la protection de son patrimoine
écologique exceptionnel avec un tourisme nouveau: le tourisme écologique. Cette
forme de tourisme associée au tourisme local et/ou traditionnel pourrait se
relever à terme comme l'un des secteurs les plus importants pour l'apport de
devises.
Pour cela, il y a lieu d'associer tous les opérateurs
touristiques ainsi que les VIP pour mettre en place .des structures d'accueil
et d'exploitation pouvant répondre aux exigences des touristes.
Sur le plan international, un accent particulier
devra être mis sur ce nouveau tourisme qui, outre les amoureux de la nature,
pourrait attirer scientifiques, chercheurs ou amateurs d'insolite.
46. Assainissement du cadre de vie rural et
urbain :
L'impact direct d'un programme environnemental doit
être l'amélioration effective du cadre de vie quotidien du citoyen. Aussi,
est-il normal et même nécessaire si tant est que lion veuille mobiliser la
population tout entière de porter des actions d'amélioration des cadres de vie.
Pour cela, la décentralisation effective des moyens
de décision, d'organisation est nécessaire afin de donner aux pouvoirs locaux
la possibilité de faire face à leurs obligations et à leurs administrés.
Il faut donc aider ces responsables à mettre des
systèmes de gestion administrative, financière et technique efficaces.
Il est à noter que ce volet s'imbrique très
intimement avec ceux énumérés auparavant et plus particulièrement les
mini-projets ruraux et le tourisme écologique.
47. Mise en place d'outils de gestion, de
protection et de suivi continu de l'environnement :
-
amélioration, adaptation ou application de la législation environnementale
et particulièrement la législation foncière ;
- mise en
place d’une banque de données débouchant sur la création d’un tableau de bord
de I’environnement malgache ;
- mise en
place de normes et critères divers permettant de porter des appréciations
objectives sur les projets, impacts de projets ou actions menées à Madagascar :
-
établissement de procédures d’études d’impact des investissements sur
l'environnement.
48. La mise en place d'un cadre institutionnel
pour l'environnement :
Sans définition précise des attributions de chaque
intervenant, il est aléatoire de mettre quoi que ce soit en œuvre.
La mise en place d'un tel cadre est donc cruciale
pour éviter les dilutions de responsabilité et pour déceler exactement les
failles d'une opération.
Cet élément sera repris plus loin.
5. Stratégies régionales du PAE
Globalement, Madagascar est subdivisé en six
écosystèmes principaux ayant chacun ses caractéristiques propres.
Il est donc nécessaire de pouvoir définir pour chaque
écosystème une stratégie qui devrait être elle-même adaptée aux exigences d'une
région ou d'un terroir donné.
51. Hautes terres centrales
Principales contraintes :
- forte
densité de population ;
- relief
tourmenté à forte pente.
Conséquences :
- forte
pression foncière ;
- aménagement
des tanety à forte pente favorisant Il érosion et I’ensablement des vallées ;
- déboisement
intensif pour production de charbon, bois de chauffe, etc.;
- tavy et
exploitation forestière.
Atouts :
- haute
technicité des agriculteurs ;
- proximité
des marchés urbains ;
- diversité
microclimatique.
Orientation des actions :
- programme
villageois de gestion des terroirs avec l'accent mis sur les tanety pour mieux
conserver les sols, freiner l'érosion et développer une agriculture pluviale
plus intensive selon les systèmes culturaux,
visant à restaurer la fertilité avec le minimum d'intrants agrochimiques
:
- stimulation
de la diversification culturale en essayant de réorienter une partie de la
riziculture notamment sur les terres marginales pour le riz vers d'autres
spéculations agricoles de complément, en particulier celles à haut revenu,
orientées vers les marchés urbains ou les industries agro-alimentaires :
-
agroforesterie et culture de bois de chauffe ;
- accroissement de la sécurité foncière.
52. La région côtière de l'Est
Principales contraintes :
- mode de
production fortement basé sur les pratiques ancestrales ;
- relief très
pentu ;
- haut risque
cyclonique ;
- forte
pluviométrie.
Conséquences :
- pression foncière
forte ;
- pratique du
tavy ;
- haut risque
d'érosion ;
- déboisement
intensif.
Atouts :
- richesse du
patrimoine naturel ;
- région riche
en produits d'exploitation.
Orientation des actions :
-
intensification des actions de protection et gestion de la biodiversité
en associant avec le tourisme écologique ;
-
accroissement de la sécurité alimentaire en développant et en
réhabilitant la riziculture dans les plaines côtières et les vallées
forestières ;
- amélioration
du réseau routier pour faciliter la circulation des produits ;
-
développement des cultures arbustives en tenant compte des contraintes
du marché international. Il s'agit d'accroître les ressources en devises du
pays tout en protégeant les pentes abusivement mises à nu par les tavy et
progressivement développer une catégorie de producteurs soigneux de leur
environnement ;
- politique
foncière axée sur une meilleure utilisation des terres selon leur pente et
fertilité et sur le découragement des tavy ;
- renforcement des services en amont et en aval de la
production avec accent spécial sur la vulgarisation et la recherche ;
- action
particulière sur le plan d'aménagement des Pangalanes afin de développer leur
potentiel de production piscicole et de transport fluvial et d'enrayer leur
dégradation due à l'apport de sédiments ;
- développement de l'industrie touristique.
53. Les zones intermédiaires de l'Ouest
Principales contraintes :
- faible
densité de population ;
- insécurité.
Conséquences :
- domaine des
feux de brousse
- dépeuplement
;
- vols de
bovidés ;
Atouts :
- grandes
étendues ;
- proximité
des hautes terres centrales.
Orientation des actions :
-
réinstauration de la sécurité ;
- en faire une
zone de décongestionnement des hautes terres centrales ;
- politique
équitable de lotissement foncier ;
- amélioration
des pâturages pour permettre un élevage plus intensif .
54. La région côtière de l'Ouest
Principales contraintes :
- zone
d'érosion et de sédimentation intenses ;
- climat assez
sec.
Conséquence :
- coût élevé
des infrastructures.
Atouts :
- taux
d'endémisme élevé ;
- de la flore
et de la faune ;
- zone
d'élevage ;
- potentiel
d'irrigation élevé ;
- potentiel de
pêche et d'agriculture.
Orientation des actions :
-
intensification de l'élevage ;
-
intensification des actions de protection et de la gestion de la
biodiversité en association avec le tourisme écologique ;
-
accroissement de la sécurité alimentaire en réhabilitant et en
développant la riziculture dans les plaines côtières et vallées forestières ;
- politique
foncière axée sur une meilleure utilisation des terres et découragement des
tavy ;
- renforcement
des services en amont et en aval de la production avec accent particulier sur
la vulgarisation et la recherche et développement dans le domaine :
des fourrages ;
de la pêche et de l'aquaculture ;
du développement touristique.
55. La
région Nord
Principales contraintes :
- relief
accidenté ;
- population
très inégalement répartie ;
- haut risque
cyclonique ;
- pluviométrie
importante.
Conséquences :
- difficulté
de communication ;
- risque élevé
d'érosion et de dégradation.
Atouts :
- biodiversité
élevée ;
- sols
généralement riches
- zone riche
en culture d'exploitation
Orientation des actions :
Comme celles de la région Est avec en plus un accent
particulier sur :
- la
protection de la biodiversité ;
- l'industrie
touristique ;
- la pêche et
l'aquaculture ;
- la mise en
valeur systématique des riches plaines côtières ;
-
l'amélioration des voies de communication notamment avec le centre de
l'Ile.
56. La région du Sud
Contraintes :
- régime
hydrique très défavorable ;
- très faible
pluviométrie ;
- faible
densité de population ;
- très grandes
étendues.
Conséquences :
- condition de
vie très dure ;
- élevage
extensif ;
- insécurité.
Atouts :
- zone
littorale biologiquement très riche ;
- atouts culturels, paysagers et écologiques
importants.
Orientation des actions :
- restauration
de la sécurité ;
- préservation
de la végétation et extension des espèces utiles ;
-
établissement d'espèces arbustives rustiques lié à des petits
aménagements anti-érosifs pour favoriser l'infiltration de l'eau et la
reconstitution des nappes ;
-
multiplication des haies brise-vent avec des espèces fourragères visant
à constituer un paysage de bocage sur le modèle vala mahafaly ;
- introduction
ou sélection de variétés résistantes à la sécheresse (sorgho, mil, niéhé) ;
-
intensification de l'élevage, d'espèces adaptées à la région.
6. Stratégie opérationnelle :
Compte tenu des différents stades auxquels se
trouvent les divers secteurs qui composent la vie nationale, la mise en œuvre
de la PNE requiert selon les cas des actions pouvant être :
- soit de
sauvegarde ;
- soit de
réhabilitation ;
- soit de
création ou d'innovation.
Cependant, quelque soit l'action menée, une
étude/recherche préalable doit être faite suivant des termes de référence
précis répondant à un ou des objectifs quantifiables ou non bien définis.
Par ailleurs, ces actions doivent être comprises et
acceptées par les populations intéressées.
Enfin, elles doivent être pérennisables et donc
comprendre des mécanismes de financement d'entretien et d'utilisation adaptée.
61. La sauvegarde
Les travaux de sauvegarde consistent à préserver et à
garder au moins dans l'état où ils se trouvent une structure, un patrimoine ou
des infrastructures données.
Les travaux ou actions de sauvegarde peuvent être des
actions de prévention, de protection ou de défense.
62. La réhabilitation
Les travaux ou actions de réhabilitation consistent à
remettre à leur niveau initial une structure, un patrimoine ou une
infrastructure donnée. Elle peut aussi concerner des aspects socioculturels
tels que la mentalité, le sens de l'effort, du beau, des normes, etc.
63. La création ou l'innovation
Les travaux/actions de création ou d'innovation
seront surtout nécessaires au niveau des structures (institutions
fonctionnelles et opérationnelles) dans la mesure où l'environnement est un
concept nouveau nécessitant une prise de conscience réelle et une coordination
des actions.
TITRE IV
LES PROGRAMMES DU PLAN D'ACTION
ENVIRONNEMENTAL
La mise en œuvre de la PNE requiert une action de
très longue haleine dont I’objectif ultime est de renverser la tendance de
dégradation actuelle en changeant petit à petit le mode de production itinérant
et/ou destructif actuellement utilisé tout en axant les actions vers la prise
de responsabilité progressive de la population.
Cette mise en œuvre nécessite une période d’au moins
quinze ans qui, pour pouvoir être adoptée aux plans de développement
périodiques du pays, sera divisée en trois programmes appelés :
- Programme
Environnement I ou PEI de 1991 à 1995 ;
- Programme
Environnement Il ou PEII de 1996 à 2000 ;
- Programme
Environnement III ou PEIII de 2001 à 2005.
CHAPITRE PREMIER
Le Programme Environnement I
1. Objectifs et mission :
Le PEI a pour principal objectif le démarrage du PAE.
Pour cela plusieurs missions ont été identifiées :
- coordination
des actions en cours ;
-
réorientation de ces actions le cas échéant ;
- dynamisation
des institutions existantes ;
- mise en
place du cadre institutionnel ;
- mise en
place des crédits ;
-
établissement de procédures de normes et de critères de performance ;
- mise en
place du cadre législatif et notamment les études de "référenciation"
des investissements (mise en compatibilité des investissements avec les normes
environnementales) ;
- mise en
place de tableaux de bord de gestion de I’environnement ;
- mise en œuvre des diverses opérations du
projet ;
- poursuite
d'opérations pilotes ou actions/recherches.
2. Stratégie :
Le PEI étant le premier projet environnemental
intégré de la République Démocratique de Madagascar il y a lieu, malgré la
définition "précise des orientations et de la Politique Nationale de
l'Environnement, d'avancer avec le maximum de précaution afin d'éviter de faire
des erreurs pouvant handicaper ou dévier le plan de vocation.
Il est donc nécessaire de :
- élaborer des
opérations en abandonnant l'esprit "projet" tout en ne perdant pas de
vue que le point focal de l'opération est l'homme, la stratégie de l'opération
étant son propre développement associé à la conservation et l'objectif : l'appropriation
définitive de l'opération et de son esprit par la population ;
- établir un
climat de confiance entre les divers partenaires ;
- respecter
scrupuleusement les procédures établies, les normes et les reformuler ou les
réadapter périodiquement si nécessaire ;
- faire
participer tous les intéressés à l'élaboration, la programmation, la mise en
œuvre du projet ;
- laisser les
responsables faire leur travail ;
- leur donner
les moyens de réaliser leur mission ;
- contrôler
périodiquement à tous les niveaux l'état d'avancement des travaux.
3. Les
composantes du PEI
Pour atteindre les objectifs du PAE, cinq projets
prioritaires ont été définis :
- un projet
d'éducation, de formation et de sensibilisation à l'environnement ;
- un projet de
protection de la biodiversité ;
- un projet de
conservation des sols et d'amélioration du cadre de vie rural ;
- un projet de
sécurisation foncière, cartographie et télédétection ;
- un projet
d'appui au PAE comprenant :
un volet recherche ;
un volet institutionnel ;
un volet législation
environnementale ;
un volet "banque de
données" ;
un volet "étude d'impact sur
l'environnement".
Les programmes ont des fortes relations
d'interdépendance et devraient être mis en œuvre de manière simultanée avec un
effet attendu de synergie. Bien que d'envergure nationale, ils seront réalisés
en phases successives définies en fonction des priorités des différentes zones.
Enfin, leur mise en œuvre est urgente si on veut enrayer la spirale de
dégradation en cours, spirale qui a tendance à s'amplifier.
C'est pourquoi l'aide internationale est vitale pour
la mise en place des programmes et leur soutien jusqu'à la prise en charge de
leur continuité par la Partie Malgache et le Malgache lui-même.
Cette aide internationale doit avoir les qualités
essentielles suivantes :
- rapidité
dans la mise en place ;
- souplesse au
niveau de l'utilisation ;
- légèreté des
procédures de déboursement et
- suffisamment
soutenue pour permettre le relais national à terme.
CHAPITRE Il
Le Projet Environnement II (PEII)
(Loi 97-012 du 06.06.97)
2.1. Objectif et mission
L’objectif consiste en une optimisation de la gestion
des ressources naturelles pour les besoins de développement de l'être humain.
Le pays, fort des expériences du PEI, doit s’armer
des dispositifs institutionnels, légaux et réglementaires adéquats pour faire
face aux différentes contraintes éventuelles, internes comme externes au
programme pour sa mise en œuvre.
Par ailleurs, le programme environnemental Il (PE Il)
a pour objectif de déterminer le rôle de l'Etat, des Collectivités
territoriales décentralisées (CTD) et de leurs partenaires dans la mise en
œuvre du Plan d'Action Environnementale (PAE), notamment le rôle des
Associations et autres Organisations Non Gouvernementales (ONG) œuvrant dans le
domaine de l'environnement et des opérateurs privés et de fixer les règles et
les cadres institutionnels d cette mise en œuvre.
Le cadre général d'exécution de la politique
environnementale dans sa seconde phase est axé principalement vers
l'intensification des actions plus concrètes de terrain.
2.2. Stratégie
a. Le respect du principe de désengagement de l'Etat
et de la politique de promotion des initiatives privées et le respect de
l'Environnement dans la mise en œuvre des investissements privés, une des bases
de développement économique dans un cadre concurrentiel.
b. La confirmation par Ie PE Il de I’intégration des
actions environnementales dans le plan de développement national par :
- la promotion
de la prise de responsabilité des Collectivités territoriales décentralisée
dans la mise en œuvre de la politique environnementale avec le transfert de
compétence en la matière conformément au dispositions de la loi n° 93-005 du 26
janvier 1993 portant orientation générale de la politique de décentralisation ;
- la prise en
charge progressive de l'aspect opérationnel de l'évaluation environnementale,
du contrôle et du suivi par les ministères et les Collectivités territoriales
décentralisées ;
- et l'intégration dans u souci de développement
durable :
du PAE et des plans de
développement régionaux dans le Plan national de développement ;
des plans de développement
régionaux dans le PAE ;
du volet environnemental dans les
plans de développement régionaux.
c. La mise en place d'un système de Sécurisation
Foncière Relative (SFR) avant l’adoption et l'entrée en vigueur d'une
législation relative au nouveau mode de gestion foncière.
d. La gestion du réseau des aires protégées
terrestres, côtières, aquatiques et marines pouvant être concédée à un
organisme national privé autonome, placé sous la tutelle du ministère chargé de
I’Environnement et reconnu d’utilité publique, conformément la législation en
vigueur, notamment à un Code de gestion des aires protégées à élaborer.
2.3. Composantes
Les
composantes du PEI I sont notamment :
a. Composantes directes :
- EcoSystème
Forestier à Usage Multiple (ESFUM) ;
- Composante
Aires Protégées et Eco- Tourisme (CAPE) ;
- Gestion
conservatoire de l'eau et des sols :
mini-projets ;
gestion des grands bassins
versants.
-
Environnement Côtier et Marin (EMC).
b. Composantes transversales :
- Appui à la
Gestion Régionalisée et à l'Approche Spatiale (AGERAS) ;
- Gestion
Locale Sécurisée (GELOSE) :
sécurisation foncière ;
gestion communautaire locale des
ressources naturelles.
- Fonds
Régional d'Appui à la Gestion de l'Environnement (FORAGE).
c. Composantes stratégiques :
- élaboration
et transfert des politiques, stratégies et instruments ;
- mise en
compatibilité des investissements avec l'environnement.
d. Composantes d'appui :
-
communication environnementale ;
- éducation et
formation environnementales ;
- système
d'information environnementale ;
- recherche
environnementale finalisée ;
- information
géographique ;
- appui à la
coordination et à la gestion du PE Il.
Les dispositions de ces composantes peuvent être
modifiées ou complétées par décret pris en conseil du Gouvernement.
CHAPITRE III
Le Projet Environnement III (PEIII)
31. Objectifs :
A la fin du PEIII, les actions environnementales
devraient se faire de manière "automatique" et naturellement gérées
et générées par les Collectivités de base, les ministères, les ONG, etc.
Cela suppose que :
- les
populations et collectivités de base auront acquis le réflexe environnemental
et se seront appropriées les techniques utilisées pour les appliquer de par
eux-mêmes et pour eux-mêmes ;
- les
structures de l'État notamment les ministères auront au niveau de leur
politique sectorielle intégrée de manière systématique et systémique le concept
environnemental ;
- les plans
nationaux périodiques auront fait de l'environnement et de la conservation un
moteur de développement durable et autocentré vers la population.
En fait, le PEIII devrait être une période de
"prélachage" des institutions environnementales et qu'à la fin de
cette période, l'environnement et ses préoccupations devraient faire partie de
la gestion quotidienne des Collectivités et de tout
citoyen.
32. Stratégie :
Les programmes du PEIII devront être élaborés de
façon telle que les acquis du PEI, PEII soient consolidés au niveau de ces
programmes dont l'objectif serait la pérennisation des opérations sans l'appui
"projet".
33. Composantes :
A l'instar de PEII, il n'est pas possible de définir
précisément les programmes de PEIII sans les évaluations de PEI. PEII.
Cependant, on peut prévoir sur PEIII beaucoup plus
d'actions générées par les Collectivités de base ainsi que des groupements non
gouvernementaux par et pour eux-mêmes.
TITRE V
LE CADRE INSTITUTIONNEL
Tout le plan nécessite pour sa mise en œuvre un cadre
institutionnel approprié, garant de la réussite du projet.
C’est pourquoi, une attention particulière est
accordée à l'élaboration de ce cadre qui doit être à même de répondre aux
objectifs et exigences de la politique nationale de conservation et de
développement et aux priorités qui se dégagent de notre situation.
CHAPITRE PREMIER
Principe d’organisation
(Loi 97-012 du 06.06.97)
Le cadre institutionnel est régi par les principes
organisationnels suivants :
- respect des
attributions des institutions en place et celles dont les missions organiques
sont bien définies et leurs réorganisations éventuelles si nécessaires :
- délimitation
précise de responsabilités environnementales de chaque institution ;
-
participation effective de tous, avec la promotion des initiatives
privées, au niveau :
local (CTD, ONG) ;
sectoriel (ministères,
sociétés...)
Une structure nationale dont le fonctionnement est
assuré par le ministère chargé de I’Environnement est appelée à gérer
I’environnement conjointement avec les CTD et les organismes privés
régulièrement constitués.
Elle est composée d'un organe de réflexion ou de
concertation, d'un organe de conception et de suivi, et d'un organe de
coordination opérationnelle de la mise en œuvre des programmes.
Cette structure nationale comprend :
- le Conseil
National pour l'Environnement ;
- le Comité
Interministériel de l'Environnement ;
- l'Office
National de I’Environnement chargé de la coordination opérationnel, sous la
tutelle du ministère chargé de l'Environnement.
1. Organisation
L'organisation institutionnelle globale repose sur la
dissociation des responsabilités sur les points suivants :
1.1. Les décisions de la politique et l'orientation
globale de l'environnement :
principe ;
objectifs ;
orientation ;
stratégie ;
- La
définition du plan et du programme environnemental :
objectifs ;
moyens mis en œuvre ;
financement.
1. 2. La gestion du programme, suivi et évaluation de
son bon déroulement :
- mise en
place du programme ;
- gestion et
contrôle d programme ;
- suivi de son
déroulement ;
- suivi de
l'utilisation des fonds ;
-
consolidation des acquis ;
- rapport
technique.
1.3. La
gestion des projets et contrôle de leur bon déroulement :
- mise en
œuvre des projets ;
- gestion et
contrôle des projets ;
- suivi de
leur déroulement ;
- rapport
technique.
1.4. La gestion des opérations et contrôle de leur
bon déroulement :
- mise en
œuvre des opérations ;
- gestion et
contrôle des opérations ;
- suivi de
leur déroulement ;
- rapport
technique.
CHAPITRE Il
Le Conseil National pour l'Environnement
(Loi 97-012 du 06.06.97)
Le Conseil National de l'Environnement (CNE) est un
organe consultatif chargé de veiller à l'orientation générale en matière
d'environnement, il est un programme indépendant.
La création, l'organisation et le fonctionnement du
Conseil National pour l'Environne sont fixés par décret pris en conseil du
Gouvernement.
CHAPITRE III
Le Comité Interministériel de l'Environnement
(Loi 97-012 du 06.06.97)
Le Comité Interministériel de l'Environnement (CIME)
est le garant de l'intégration réelle et effective des impératifs de la gestion
de l'environnement pour un développement durable ; il est rattaché au Premier
Ministre.
La création, I’organisation et le fonctionnement du
Comité Interministériel de l'Environnement sont fixés par décret pris en
conseil de Gouvernement.
CHAPITRE IV
La structure opérationnelle :
l’Office National pour l’Environnement
C'est l'organe d'exécution de la SINE.
41. Vocation :
411. Elle est l'organe d'exécution du PAE
412. La structure opérationnelle est la gardienne du
bon respect des procédures.
413. Elle défend les intérêts du Gouvernement
Malagasy et est l'interlocuteur des bailleurs au niveau opérationnel.
42. Mission :
421. Amener à un "niveau acceptable"
techniquement, financièrement et socioéconomiquement l'équilibre
environnemental d'une région, d'une localité ou d'un site donné ;
422. Faire réaliser les travaux de sauvegarde ou de
réhabilitation y afférents ;
423. Mettre en place une structure pérenne de
protection et de cohabitation saine entre la population et son environnement ;
424. Dégager un schéma d'autogestion de
l'environnement par la population riveraine ou cible.
43. Rôle :
431. Élaboration du plan périodique environnemental :
4311. L'initialisation des procédures d'élaboration :
collecte des données
environnementales ;
enquêtes ;
contacts avec le VIP, ministères
et ONG ;
4312. Présentation de projet de PAE au Ministre
chargé de I’environnement ;
4313. Rédaction du PAE accepté par le Ministre chargé
de l'environnement ;
4314. Présentation du PAE au bailleur ;
4315. Rédaction PAE final.
432. Mise en place des procédures diverses
nécessaires la mise en œuvre et à la gestion de cette politique :
4321. Procédures de décision ;
4322. Procédures techniques, administratives et
financières ;
4323. Cadres juridiques de travail.
433. Gestion administrative, technique et financière
du programme d'action périodique donné par SINE :
4331. Mise en place crédit-mise en vigueur ;
4332. Supervision de la rédaction des divers accords
ou conventions avec les différents intervenants ;
4333. Contrôle du respect des procédures citées en
432-4322-4323.
434. Gestion du PAE et de ses programmes et projets :
4341. Participation à l'élaboration des programmes et
des projets ;
4342. Participation à la programmation des programmes
et des projets ;
4343. Gestion et contrôle de la réalisation des
programmes et des projets ;
4344. Suivi du
programme ;
4345. Consolidation
4346. Rédaction de rapport périodique sur chaque
programme
435. Rôle de mise en comptabilité des investissements
et de l'environnement :
4351. Conception des processus d'évaluation des
effets environnementaux ;
4352. Planification de ces processus ;
4353. Programmation de ces processus ;
4354. Décision en relation avec les ministères
intéressés :
4355. Supervision ;
4356. Suivi et Évaluation a posteriori.
44. Tâches spécifiques :
Avec l'aide des institutions spécialisées, faire :
4401. L'évaluation de l'ampleur d'un phénomène
écologique ;
4402. Faire procéder par les VIP et les ministères
les priorités dans la liste des projets à présenter au
Ministre chargé de I’environnement ;
4403. Soumettre le projet au Ministre chargé de
l'environnement pour :
définition du projet de plan
périodique ;
allocation des ressources.
4404. Coordonner et gérer les financements alloués
aux travaux pour la réalisation des projets de manière à tirer le meilleur
profit de ces financements compte tenu des spécificités des ressources et de
celles des régions ;
4405. Saisir les départements concernés, maîtres
d'œuvre de l'exécution des travaux.
4406. Identifier et solutionner les obstacles
freinant l'activité des départements institutionnels chargés de l'exécution ;
4407. S'assurer par tous les moyens du bon
déroulement des travaux pour faciliter le contrôle de l'exécution des budgets
alloués ;
4408. Rendre compte périodiquement aux instances
supérieures (Ministre chargé de l'environnement -bailleurs) de l'état
d'avancement des travaux et de la situation financière ;
4409. Maintenir des liens organiques avec maîtres
d'œuvre, maître d'ouvrage, opérateurs ;
4410. Rédiger et assurer I’approbation des textes
réglementaires ;
4411. Superviser l'exécution des travaux sur le plan
comptable (adéquation des travaux par rapport aux débours) ;
4412. Élaborer, mettre en œuvre et suivre la
politique nationale et le plan de sensibilisation nationale ;
4413. Élaborer, mettre en œuvre et suivre des
procédures de gestion des informations environnementales (collecte, stockage,
utilisation, etc.)
45. En cas d'alerte écologique :
4501. Recherche: de la solution d’urgence la plus
adaptée, l’ampleur des constats pour diminuer, stabiliser ou enrayer le
phénomène, et ce avec I’aide :
- des
ministères ;
- des
institutions spécialisées ;
- de I’armée ;
- des VIP;
4502. Établissement d'un bilan provisoire et
expression des besoins d'urgence à partir des informations fournies par les
VIP, ministères, CNS, ONG en vue de saisine d'urgence des bailleurs ;
4503. Recensement et inventaire des dégâts avec le
CNC "cataclysmes naturels", CNS et les ministères dans tous les
domaines de la' vie nationale et régionale :
4504. Établissement des devis descriptifs,
quantitatifs et estimatifs des dégâts par les services techniques concernés ;
4505. Établissement d’un bilan définitif de la
catastrophe ;
4506. Consolidation des actions faites et expériences
acquises dans la mise à jour du manuel de procédure ;
4507. Participation à la recherche de moyens
financiers et matériels tant sur le plan national qu'international ;
4508. Coordination des moyens financiers et matériels
mis à disposition dans le Pays.
CHAPITRE V
Les structures de gestion des opérations :
agence d'exécution
Les agences d'exécution sont chargées de la gestion
courante des opérations ainsi que de leur mise en œuvre. Ces agences
d'exécution peuvent être :
- un ou plusieurs ministères ;
- un ou
plusieurs centres nationaux ;
- une ou
plusieurs ONG ;
- une ou
plusieurs VIP.
51. Vocation :
511. Organe d'exécution des projets ou opérations du
PAE ;
512. Organe de transmission des informations vers le
terrain.
52. Mission :
521. Mise en œuvre des opérations du PAE ;
522. Adaptation des opérations aux réalités locales ;
523. Mise en place des opérateurs ;
524. Suivi des opérateurs ;
525. Établissement de normes et de procédures
d'opérations ;
526. Évaluation des projets.
53. Rôles :
531. Établissement de TDR pour les divers marchés
d'opération ;
532. Consultation appel d'offres ;
533. Dépouillement/décision/attribution marché ;
534. Élaboration/rédaction marché ;
535. Mise en approbation du marché ;
536. Mise en place des organes de contrôles du marché
;
537. Établissement des décomptes ;
538. Préparation des mémoires de paiement ;
539. Supervision globale de l'opération ;
540. Réception provisoire et définitive des travaux ;
541. Rapport mensuel :
travaux ;
financier ;
moral.
54. Tâches spécifiques :
Chacun dans son domaine, les agences d’exécution sont
amenées à participer à l'élaboration des programmes et des futurs projets
environnementaux et, par conséquent, à la définition des futures orientations
de la politique environnementale.
Cette participation peut se faire à deux niveaux :
- au niveau de
la SINE où ils peuvent disposer d'un siège ;
- au niveau de
la mise en œuvre des opérations pour lesquelles ils ont la charge.
Cette méthode devra permettre une meilleure
adéquation des objectifs aux réalités nationales ainsi qu'une adaptation des
possibilités aux réelles aspirations populaires.
LES STRUCTURES DE MISE EN ŒUVRE : LES OPÉRATEURS
Les opérateurs sont les organes d'exécution et de
réalisation des opérations.
Ces opérations peuvent être :
- des études
et recherches ;
- des travaux
d'infrastructure ;
- des travaux
de contrôle ;
- etc.
Ces opérateurs peuvent être choisis :
- par appel
d'offres ou consultation si le nombre le permet ;
- de gré à gré
si l’opérateur est unique dans sa spécialité.
Les opérateurs peuvent être :
- un ou
plusieurs ministères dans le cas d'un travail en régie ;
- une ou
plusieurs VIP ;
- un ou
plusieurs centres nationaux ;
- une ou
plusieurs ONG ;
- un ou
plusieurs opérateurs privés (entreprise, bureau d'étude, société d'État, etc.)
1. Vocation :
11. Organe de réalisation des opérations sur terrain.
2. Mission :
21. Réaliser les travaux qui lui sont confiés par
I’agence d’exécution
3. Rôle :
31. Ceux assignés dans le marché.
LES STRUCTURES LOCALES
Les structures locales sont essentiellement les VIP
et les ONG locales qui travaillent en étroite collaboration avec et pour elles.
Ces structures locales sont la base de toutes les opérations du PAE et doivent
être le point focal de toute action environnementale.
Conformément aux objectifs de la Politique Nationale
de l'Environnement des structures locales, base d'un développement pérenne et
donc garant d'une conservation effective du patrimoine national doivent être
armées pour faire face aux exigences du quotidien et les priorités du long
terme. C'est pourquoi le PAE doit s'efforcer chaque fois que ce sera possible
de faire effectuer par ces structures locales les travaux d'infrastructure qui
seront menées dans leur terroir.
Ceci permettra :
- de dynamiser
ces structures sur le plan organisationnel et décisionnel ;
- de renforcer leur connaissance technique ;
- d'avoir un
sentiment de propriété sur les travaux accomplis ;
- d'établir un
climat de dialogue entre acteurs ;
- de faire une
redistribution des revenus.
TITRE VI
LES EFFETS ATTENDUS DE LA CEM
Le combat contre la pauvreté auquel se livre le Pays
découle en partie de la dégradation de I’environnement physique dont les effets
se font sentir sur tous les aspects et secteurs de la vie nationale. La CEM
donne un éclairage nouveau sur I’élaboration ou l'application des programmes
futur et devrait amener à la réorientation des programmes en cour afin d’en
redimensionner à juste échelle les bénéfices attendus.
En effet, certains schéma ou choix de développement
comme I’Alaotra, le Moyen Ouest, le projet Savana Pullmann ou l'ilménite de
Fort-Dauphin, les projet de zones franches devraient tenir compte des aspects
environnementaux dès leur élaboration.
En outre, il serait indispensable de coordonner le
PAE avec les orientations ou politiques adoptées par le Gouvernement comme le
PDRA, le PDRE, le PDRD, le PNVA, le plan énergétique, la politique touristique,
la charte routière, etc... ainsi que les divers projets d'ajustement structurel
tels que le PASAGE, le CASEP, le CRESED, etc.
CHAPlTRE PREMIER
Charte et législation
L'adoption de la Charte de l'Environnement malgache
entraînera à terme des modifications au niveau :
- de la
législation ;
- de la
normalisation ;
- de
l'élaboration des projet ;
- de la
structure des plans e développement ;
- du
dimensionnement des structures locales.
1. Implication sur la législation :
11. Législation foncière :
Les implications légales les plus importantes se
répercuteront essentiellement sur Ia législation foncière et concernant
notamment :
- la gestion foncière ;
- l'obligation
d'immatriculation foncière ;
- la taxation
foncière.
12. Législation normative :
Cette forme de législation traduira surtout la
volonté du Gouvernement de mettre en compatibilité les investissements et la
protection de I’environnement.
13. Réglementation financière :
Notamment au niveau de l'assouplissement des
procédures de déblocage des flux générés soit par les mécanismes de financement
mis en place soit par les dons fournis par les communautés nationales ou
internationales. Cet assouplissement devrait être imaginé sans entamer
l'orthodoxie financière qui a toujours prévalu au niveau des financiers de
l'Administration.
2. La normalisation :
Une politique, un Plan, un projet, des opérations ne
peuvent être réalisés sans l'établissement au préalable de procédures, de
normes et de paramètres d'appréciations objectifs et mesurables.
Ces normes devront être institutionnalisées,
acceptées et appliquées par tous pour être valablement appréciées et comparées.
CHAPITRE Il
Charte, projets et plan
L'ÉLABORATION DES PROJETS
Le PAE étant un plan de coordination d'actions en
intégrant tous les aspects de la vie nationale se doit de prendre en compte :
- les normes
en vigueur ;
- les
paramètres d’efficience basés sur des appréciations qualitatives non mesurables
économiquement (propreté, ambiance sociale, santé, etc.).
L’élaboration des projets devra donc dorénavant être
appréciée suivant des critères bien distincts mais pas quantifiables de la même
manière :
- les critères
économico-financiers ;
- les critères
socioculturels ;
- les critères d'appropriation.
1. Les critères économico-financiers :
Ce sont les critères usuels d'appréciation d'un
projet par ces bailleurs.
Ils restent ce qu'ils sont mais doivent être pondérés
dans le processus d'évaluation du projet de la même manière que les critères
qualitatifs socioculturels.
2. Les critères socioculturels :
Non évaluables financièrement, ces critères pourtant
doivent être pris en compte dans I!appréciation d'un projet.
Ces critères qui concernent l'environnement comme la
santé ou l'ambiance sociale dan~ un endroit donné doivent être définis à partir
d'étude d'impact complet du projet.
3. L'appropriation des techniques :
Un projet classique s'évalue en temps, en monnaie, en
nombre d'actions, de surface, de tonne, etc.
Les objectifs étant définis en fonction du temps de
présence, de la quantité financière, de la qualité des opérations, on assiste
souvent à des projets qui prennent soin de résoudre par eux-mêmes les facteurs
limitants pouvant les empêcher d'atteindre les objectifs assignés, créant ainsi
un climat d'assistance "à toute épreuve" auprès des populations cibles.
Le climat naturellement engendre une mentalité
d'assistés qui se manifeste essentiellement à chaque fin de projet quand ces
populations cibles abandonnent les habitudes ou les techniques que le projet
aurait dû leur inculquer. Cette défaillance résulte de "l'esprit
projet" qui renvoie tout le monde "à la case départ" quand le
financement a été épuisé et, à une mauvaise délimitation des objectifs dès
l'élaboration du projet.
Les projets vus à travers la Charte de
I’Environnement Malgache devront avoir comme réel objectif de laisser aux
groupes cibles le temps et Ies moyens de se prendre en main afin d'en dynamiser
leur confiance en eux-mêmes.
Il vaut mieux donc limiter les ambitions
quantitatives des projets en augmentant les chances d’appropriation des groupes
plutôt que de faire des actions de grande envergure vouées à l'indifférence à
l'issue du projet.
LA STRUCTURE DES PLANS DE DEVELOPPEMENT
Les plans de développement classiques nationaux n’ont
pas été élaborés dans une optique de conservation. En fait, l'introduction du
paramètre environnement semble a priori alourdir le coût financier de
ces plans. Compte tenu cependant du coût généré par les effets pervers de la
dégradation, ces plans gagneraient sur le plan macro-économique global à être
conçu en tenant compte de la conservation.
Globalement, les analyses économiques classiques
définissent le taux de croissance par la différence entre le taux de croissance
du PIB par rapport aux taux de croissance de la population. En fait, si lion
sien tient aux chiffres, notre taux de croissance est très fortement handicapé
le pourcentage élevé de nos dépenses de fonctionnement dévolues aux
surdimensionnements et à l'entretien de nos infrastructures.
Autrement dit, le fait de prévenir la dégradation
dans nos plans se répercuterait à terme par l'augmentation de notre PIB.
LE DIMENSIONNEMENT DES STRUCTURES LOCALES
La Charte de l'Environnement n'aura aucune substance
sur les structures locales de base qui sont la cheville ouvrière de sa mise en
œuvre.
En effet, toute la théorie environnementale repose
sur ces structures au même titre que la Charte de la Révolution Socialiste.
A l'issue du PEIII, ces structures locales devraient
représenter une force réelle de développement à laquelle devront s'atteler toutes
les structures de conception, de gestion et d'opération de I’État.
Ce redimensionnement des collectivités locales
devrait donc amener à réfléchir profondément sur la structure sociale nationale
liée à sa structure démographique afin de définir d’ores et déjà les priorités
de demain.
CHAPITRE III
Implication sur les programmes
en cours ou futurs
L’adoption de la présente Charte exige pour les
programmes en cours ou futurs :
- la révision
et ajustement des priorités dans l'élaboration et la conduite des programmes ;
- la révision
fondamentale de; critères d'évaluation des programmes ;
-
l'introduction d'indices environnementaux dans l'élaboration des
programmes ;
-
l'introduction d'indice de réussite environnementale dans la
post-évaluation des programmes.
Par ailleurs, pour permettre la localisation optimale
des projets PAE, il y a lieu :
- de localiser
visuellement (sur carte) les opérations en cours des différents projets
nationaux ;
- de localiser
visuellement (sur la carte) les sites pouvant assurer le maximum de réussite
environnementale ;
- de
juxtaposer les divers s cartes pour localiser la zone optimale pour l'opération
P E et obtenir ainsi la conjugaison des effets attendus de chaque programme ;
- de
déterminer les effets socioculturels issus des études d'impact des projets.
Par conséquent, il pourrait être envisagé de changer
la programmation "localisée", d'un projet, pour l'adapter aux autres
projets et obtenir ainsi la meilleure synergie des actions.
CONCLUSION
Que doit représenter la Charte ?
- Un ensemble cohérent de règles générales, de
principes, d'orientations, devant inspirer toute la législation de
l'environnement.
Cette législation comprend aussi bien les textes
d'organisation, les lois, les règlements et es instructions ou recommandations
propres à l'environnement, que les lois ou règlements ayant un lien direct ou
indirect avec la protection des ressources naturelles ainsi qu'avec le concept
général ; environnement-développement.
Une éthique ayant pour objet principal de créer une
mentalité sans cesse renouvelée d conservation rationnelle et de promotion de
l'environnement.
- Une
profession de foi : restituer aux générations futures une terre fertile, des
ressources renouvelées, des conditions de vie meilleures.
- Texte
souple, elle peut être modifiée et améliorée à mesure de l'avancement des
programmes, du perfectionnement des techniques, de la prise de conscience
croissante à tous les niveaux.
APPENDICE
DÉTAIL DES CINQ PROGRAMMES DU PEI
Le programme de sensibilisation, éducation, formation
:
Objectifs :
C'est le programme prioritaire du PEI car de sa
réussite dépend la réussite du PAE.
D'autre part, il est axé sur le Malgache et touche
directement sa racine profonde, son éducation, sa culture, sa foi en lui-même
et à son devenir. Il est donc fondamental d'apporter le maximum de soin à
l'élaboration de ce programme qui doit responsabiliser tout Malgache et
essentiellement par les Malgaches. Il concerne l'ensemble de la population à
tous les niveaux (décideurs, encadrement, VIP, population) et vise à :
- assurer la
formation et Ie recyclage des agents appelés à intervenir dans la mise en œuvre
du PAE ;
- renforcer I’enseignement en matière d'environnement
dans les programmes scolaires par la conception, la réalisation et la
fourniture d'outils pédagogiques adaptés et par la formation des instituteurs
et des professeurs ;
- développer
les filières universitaires pour les différentes carrières dans le domaine de
l'environnement;
- développer
un réseau national de communication et renforcer la production et la diffusion
des programmes adaptés ;
- monter un dispositif d suivi et d’évaluation de ces
programmes et de leurs efforts afin de les ajuster quant à la forme, le
contenu, les méthodes et le cas échéant leur orientation.
Pour la réalisation de te programme, il est
nécessaire d'effectuer dès à présent des études préliminaires concernant :
- la
détermination des groupes cibles, identification de leurs besoins et études des
moyens à mettre en œuvre pour les atteindre ;
- l'évaluation
des projets et programmes antérieurs en vue d'en tirer les principales leçons ;
- la
réalisation de programmes tests d'information et de sensibilisation et mesure
de leur impact, afin d'affiner les approches, le contenu et les méthodes de
diffusion.
Vu l'ambition véhiculée par ce programme, la mise en
œuvre nécessitera au préalable :
- un consensus
au niveau Ides objectifs et des moyens à mettre en œuvre ;
-
l'établissement d'un climat de dialogue notamment avec les Collectivités
décentralisées ;
- la
mobilisation de toute structure pouvant véhiculer le message, la formation ou
l'éducation environnementale notamment les fonctionnaires, les ONG, les
congrégations cultuelles, l'armée, les entreprises, etc.
Moyens :
Les moyens pour propager la sensibilisation,
l'éducation et la formation environnemental seront essentiellement :
- la
combinaison des média :
production et distribution de
petits bulletins d'information sur l'environnement ;
production d'émission radio ;
production, projection d cassettes
vidéo ;
organisation de séminaires, stages
divers ;
- la mise en
place de parcelles de démonstration ou de micro-opérations villageoises ;
- formation
intégrée en relation avec le CRESED, la Commission nationale d'élaboration de
programmes et les universités :
insertion de l'environnement dans
les programmes d'enseignement primaire, secondaire supérieur et même
post-universitaire ;
- campagnes nationales diverses :
reboisement ;
journée de l'environnement ;
journée de la femme, etc. .
Objectifs :
En association avec le tourisme écologique, le
programme comprendrait :
- la création
et I’aménagement de 14 nouvelles aires protégées ainsi que le renforcement des
infrastructures (pistes, refuges, observatoires, accueil, ...) et de la gestion
des 36 qui existent déjà ;
- le
classement de ces aires protégées en trois catégories selon le degré de risque
qui pèse sur elles (pression foncière, densité de population, état de
dégradation, vulnérabilité, etc.). Selon ces catégories, il est envisagé les
interventions suivantes :
là où le risque est élevé : une
intervention lourde, avec des investissements importants combinant
I’aménagement et les systèmes de protection avec un programme de développement
intégré des zones périphériques ;
là où le risque est moins
important: une intervention moins intensive avec le même type de protection,
mais des investissements plus réduits à la périphérie ;
là où le risque est faible: une
intervention légère sans intervention périphérique (cas des écosystèmes marins).
La mise en œuvre de ces programmes suppose également
des interventions provenant d~s autres programmes prévus tels que :
-
l'intervention cartographique, cadastrale et foncière :
Cartographie à partir de la
télédétection (LANDSAT et/ou SPOT) et de couverture aérienne pour permettre une
meilleure estimation des surfaces des forêts naturelles, leur niveau de
dégradation ainsi que celui des aires
protégées.
Protection légale des 50 aires
protégées et des forêts naturelles classées (décret de classement + inscription
des titres fonciers correspondant au domaine privé de l'Etat).
Régularisation de la situation
foncière des agriculteurs sur les zones déboisées e la périphérie.
Mise en place de moyens de
surveillance et de financement pérenne de la gestion et de l'entretien.
- la mise en
œuvre dans l i s zones périphériques de mini-projets d'amélioration
environnementale et de développement intégré (conservation des sols let des
eaux, agroforesterie, reboisement, petits aménagements des vallées, etc.) et
ce, sous forme d'alternative ;
- le lancement
d'une vaste campagne de sensibilisation, de formation et d'éducation sur la
biodiversité malgache avec un accent particulier sur la promotion
d'associations locales liées à chacune des réserves et su la formation des
ruraux aux emplois générés dans ce secteur (gardes, guides écologiques, etc.);
l , -le lancement d'un programme d'études et de recherche d accompagnement pour
:
compléter les inventaires
floristiques et faunistiques ;
mettre au point des méthodes
d'exploitation des forêts sans mettre en danger leur existence ;
identifier les meilleurs moyens
pour faire participer les populations ;
- la
constitution de banques de données spécifiques au domaine écologique et à
l'environnement.
Sur le plan touristique, il est prévu :
- de former des cadres malgaches aux
négociations internationales ;
- d'étudier
l'institution, le financement pérenne de la protection de la biodiversité et
des si~es écologiques par le biais du tourisme (taxes hôtelières, ...)
Moyens :
La gestion de la biodiversité requiert des moyens
énormes souples et immédiatement mobilisables.
Pour cela, il est nécessaire de mettre en place une
structure dotée de moyens humains, techniques et financiers adéquats et de
souplesse de gestion en dehors des procédures administratives, financières et
de management de l’État.
Cette structure sera responsable de la conservation
des aires protégées ainsi que du développement de la zone périphérique et sera
l'agence d'exécution du PEI dans ces aires et leurs pourtours et sera en
liaison directe avec :
- les
instituts nationaux de recherche ;
- les ONG
nationales et internationales ;
- les
universités nationales e internationales ;
- les
opérateurs touristiques divers.
Gestion des bassins versants :
Objectifs :
Ce programme est composé de deux parties distinctes
de par leur approche :
- la
conservation des sols ;
-
l'amélioration du cadre de vie. Cependant, l'objectif reste le même, le
développement et le point focal de l'homme.
D'autre part, ces deux composant s sont très
interdépendantes car touchant le même objet: la terre et sa conservation.
La partie conservation d s sols sera abordée sous
deux aspects :
- les grands
travaux de conservation qui vont nécessiter la mobilisation de moyens très
importants pour la protection des investissements de I’État (Mandraka,
Andekaleka, Lac Alaotra, FIFABE) ;
- les
mini-travaux villageois mobilisant la main-d'œuvre locale et dont la
technologie sera adaptée aux paysans.
Dans le premier cas, les actions doivent être menées
de manière très circonspecte nécessitant des études extrêmement approfondies et
longues. Aussi, est-il hasardeux pour le moment de définir ces grandes actions.
Dans le deuxième cas, le PEI s'efforcera de
déterminer les actions afin de les programmer, si nécessaire, sur le PEI ainsi
que mettre en place les mécanismes techniques et financiers d'élaboration des
mini-projets. On s'efforcera, comme dit plus haut, de faire des véhicules de
sensibilisation, de conscientisation et de responsabilisation des communautés
de base.
Ces mini-projets ruraux de conservation pourront être
en même temps des mini-projets d’amélioration du cadre de vie.
Le programme est basé sur :
- la
définition de mini-projets types d'amélioration environnementale.
Le nombre de cas sera au préalable limité à quelques
modèles techniques de référence, correspondant à la majeure partie de la
demande attendue des usagers. Ces modèles seraient élaborés au cours de la
préparation du dossier de faisabilité du programme.
Pour les ruraux, les mini-projets porteront
principalement sur :
la petite infrastructure
villageoise ;
les petits équipements
hydrauliques ;
la conservation des sols et des
eaux ;
les aménagements fonciers ;
les pépinières forestières ;
l'agroforesterie et le
reboisement.
Pour les communautés urbaines :
la gestion des ordures ménagères ;
les petits systèmes d’adduction
d'eau ;
les petites infrastructures.
Au niveau des VIP
études de l'amélioration de la
gestion des VIP (technique, administration, finance, sociale, etc.)
La préparation des mini-projets et la prise de
décision de leur application et de leur financement au niveau le plus proche
possible des communautés concernées.
participation des structures
locales et ONG dans le cadre de contrats-types ;
appui technique de agents de
terrain (MPARA, MPAE, MININTER, MPCJS, ...) ;
utilisation des réseaux de
financement simples par opposition aux circuits administratifs publics ;
mise en application 'un cadre
institutionnel clair, souple et simplifié.
Moyens :
A I’instar de la conservation et la gestion des aires
protégées, il est vital pour la gestion d toutes ces mini-opérations de créer
une structure dotée des moyens humains, matériels et financiers nécessaires.
Cette structure sera responsable de la gestion des
opérations et sera l'agence d'exécution du PEI au niveau villageois pour le
volet "Conservation des sol et amélioration des cadres de vie".
Les moyens financiers viendront directement des
bailleurs de fonds.
La gestion de ces fonds ainsi que leur allocation
feront l'objet de procédures légères mais précises dans lesquelles seront
associées les banques privées.
Cette structure sera appuyée par :
- les
ministères, surtout le MPARA/DVA ;
- les ONG ;
- les sociétés
nationales notamment banques ;
- les VIP.
Programme foncier, cartographique, cadastral :
Objectifs :
Ce programme consiste à intégrer à affiner, à mettre
en œuvre les programmes déjà en partie élaborés par le FTM et la Direction du
Patrimoine :
- opération
d'immatriculation foncière et délivrance de titres fonciers et mise en place au
niveau des VIP de système de gestion foncière simple des erres qui leur seront
attribuées en dotation ;
-
reconstitution et actualisation de la base cartographique du pays
(ossature de base, topographies aériennes et leurs dérivés et données de
télédétection, cartes topographiques de base, cartes marines hydrographiques et
les cartes thématiques fondamentales) ;
- régularisation
de la situation foncière de l'ensemble des aires protégées et des exploitations
agricoles périphériques ;
- renforcement
et simplification du cadre institutionnel foncier.
L’ensemble de ce programme qui a été conçu pour
répondre d'abord à la demande des usagers n'est possible qu'avec les préalables
suivants :
la mise à la portée de tous de la
législation foncière ;
la décentralisation au niveau des
VIP des services fonciers ;
amélioration des techniques
cadastrales et accès facile des usagers aux opérations cadastrales ;
mise en place d’un cadre plus
moderne d'exploitation.
Les premières années du PEI seront consacrées à la
formation, le renforcement institutionnel qui passe par la réorganisation des
attributions de Ia Direction du Patrimoine et du Foiben-Taosarintanin'i
Madagasikara (FTM), l'équipement de ces deux institutions et à l'affinage des
méthodes.
Sur le PEI, 18,5 millions d'hectares seront
cartographiés à différentes échelles selon Ies besoins des utilisateurs et 5,5
millions d'hectares recevront un titre foncier. A l'issue du PAE (15-20 ans),
toute la base cartographique du pays sera reconstituée et actualisée et toutes
le terres de I’Ile seront immatriculées et pourvues de titres fonciers.
Moyens :
Pour y arriver, il serait nécessaire :
- de doter les
institutions du matériel humain, technique et financier nécessaire ;
- de
réorganiser le travail de la DP et du FTM ;
- de créer un
laboratoire national d'information géographique ;
- de mettre en
place un système national d'information géographique ;
- de mettre en
place un système informatique de gestion des données littérales cadastrales ;
- de réviser
la loi foncière et l'adapter aux priorités nationales.
Programme d'appui du PAE :
Objectifs :
Le programme répond à deux soucis majeurs.
Le premier, d'ordre temporel, répond au souci de
coordination des composantes du PEI dans le domaine technique et financier, à
l'assistance et l’appui aux institutions chargées de les mettre en œuvre, et à
la Iiaison avec les bailleurs de fonds.
Le second, d'ordre permanent correspond à la
planification environnementale, en liai on avec les plans de développement à
l'affinement des politiques et procédures d'intervention, à l'amélioration de
la législation, à l'élaboration, la mise en place et au contrôle des procédures
de "référenciation" des investissements, aux moyens d'études d'impact
de ces investissements sur l'environnement, à la gestion des informations et
enfin à la mise en place de procédures et de normes diverses.
Pour réaliser ces objectifs, il est nécessaire de
distinguer les actions à mener suivantes :
- le
renforcement du cadre institutionnel ;
- le
développement des études et des recherches environnementales ;
- le
renforcement des outils (banques de données, méthodologies, système de suivi et
d'évaluation...).
Renforcement du cadre
institutionnel :
Il est prévu de mener les actions suivantes :
-
installation, infrastructure et mise en place de la SINE ainsi que ces
démembrements (Structure Consultative et Structure Opérationnelle) ;
- formation et
assistance technique ;
-
installation, infrastructure t mise en place de structures d'opérations
des programmes pour la protection de la biodiversité, pour la gestion des
mini-projets de conservation des sols et amélioration des cadres de vie.
Développement des études et des
recherches :
Dans ce programme, il e t prévu de développer les
sous-programmes suivants :
- conservation
et amélioration des ressources avec des stratégies différentes selon les
régions ;
- étude de la
reconstitution des ressources ichtyologiques en matière de pisciculture sur les
Hautes Terres Centrales et dans les Pangalanes ;
- poursuite
des inventaires ans les écosystèmes naturels et les aires protégées :
étude dynamique de le r évolution
et enrichissement possible des formations naturelles ;
sélection des espèces utiles dans
ces formations pour I’enrichissement ultérieur es milieux anthropiques
appauvris (zone de défrichement récent - Hauts-Plateaux) ;
- recherches
notamment su les zones marines littorales notamment réévaluation des stocks (en
particulier, des crevettes) et études de la biologie des zones de mangroves
(frayères de crevettes-conchyculture) ;
- recherches
sur les ressources de l'eau dans le Sud pour déterminer la rentabilité de puiser
dans les nappes souterraines ;
- observation
écologique et surveillance
épidémiologique du paludisme et de la bilharziose dans le domaine de la santé
publique.
Renforcement des outils :
- mise en
place de banque de données environnementale ;
- mise en
place de tableau de bord pour la question de l'environnement (indicateur e
performance et normes diverses) ;
- législation
environnementale, foncière et de filtrage ou criblage des investissements
pouvant avoir un effet sur l'environnement.
Moyens :
La gestion du PAE ne saurait se faire sans la
création d'un Office National de l'Environnement. Ce bureau aura pour
principale mission la mise en œuvre de la PNE et la gestion du PAE.
Son rôle sera essentieIlement d'orienter les actions
et de les coordonner suivant les directives de la présente Charte de
l'Environnement Malgache. En outre, elle contrôlera l'exacte exécution des
opérations conformément aux procédures, termes de référence et objectifs
définis dans les marchés. Ce contrôle s'exécutera jusque dans les processus de
paiement.
Enfin, ce bureau aura
la charge de :
-
l'élaboration de mise en œuvre et le suivi de la campagne de
sensibilisation nationale à l'environnement ;
- la
coordination de mis~ en place d'une banque de données environnementales ;
- l'exécution
des procédures de «référenciation» ou de filtrage des investissements au moyen
d'études d'impact. Outre, le Bureau National de l'Environnement, la mise en
œuvre du programme d'appui au PAE se fera aveç l'aide des organismes internationaux
avec lesquels des contrats de partenariat pourront être passés, ainsi qu'avec
divers organismes nationaux : ministères, ONG, Centre national de recherches
diverses, BDE, CIDST, etc.
ACRONYMES
BDE :
Banque de données de l'Etat ;
BV : Bassin Versant ;
CASEP :
Crédit d'Ajustement en Secteur Public ;
CEM :
Charte de l'Environnement Malgache ;
CIDST :
Centre d'Information et de Documentation Scientifique et Technique ;
CNC :
Comité National de Coordination (des Cataclysmes Naturels) ;
CNCD :
Commission Nationale de la Conservation pour le Développement ;
CNS :
Comité National de Secours ;
DP :
Direction du Patrimoine ;
DVA :
Direction de Ia Vulgarisation Agricole ;
FAO : Food and Agricultural Organization ;
FIFABE : Fikambananal Fampandrosoana ny Lemak'i
Betsiboka ;
FMG : Franc Malagasy ;
FTM :
Foiben-Taosarintanin'i Madagasikara
MCAR :
Ministère de la Culture et de l'Art Révolutionnaires ;
MINAGRI : Ministère de la Production Agricole et du
Patrimoine Foncier ;
MININTER : Ministère de l'lntérieur ;
MPAEF :
Ministère de Ia Production Animale, des Eaux et Forêts ;
MPARA :
Ministère de la Production Agricole et de la Réforme Agraire ;
MPJS :
Ministère de la Population, de la Condition Sociale, de la Jeunesse et des
Sports ;
ONG :
Organisation Non Gouvernementale ;
PAE :
Plan d'Action Environnementale ;
PASAGE : Programme d’Actions Sociales et d'Appui à la
Gestion Économique ;
PDRA :
Plan Directeur de Recherches Agricoles ;
PDRE :
Plan Directeur de Recherches Environnementales ;
PDRO :
Plan Directeur de la Recherche Océanographique ;
PE
: Programme Environnement ;
PIB
: Produit Intérieur Brut ;
PNE
: Politique Nationale de l'Environnement ;
PNUD :
Programme des Nations Unies pour le Développement ;
PNVA :
Plan National de Vulgarisation Agricole ;
SINE :
Structure Institutionnelle Nationale pour l'Environnement ;
TDR :
Termes de Références ;
VIP
: Vondrom-bahoaka Itsinjaram-pahefana ;
WWF : World Wildwife Fund ;
UNESCO : United Educational, Scientific and
Cultural Organization.