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PRINCIPES DIRECTEURS DE RIYAD
Principes directeurs des Nations Unies pour la
prévention de la délinquance juvénile
adoptés et proclamés par l’Assemblée générale des Nations Unies
dans
sa résolution 45/112 du 14 décembre 1990)
PREAMBULE
L’Assemblée générale,
Considérant la Déclaration universelle des droits de
l’homme, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
ainsi que d’autres instruments internationaux relatifs aux droits et au
bien-être des jeunes, y compris les normes pertinentes établies par
l’Organisation internationale du Travail,
Considérant également la Déclaration des droits de
l’enfant, la Convention relative aux droits de l’enfant et l’Ensemble de règles
minima des Nations Unies concernant l’administration de la justice pour mineurs
(Règles de Beijing),
Rappelant que, par sa résolution 40/33 du 29 novembre
1985, elle a adopté les Règles de Beijing recommandées par le septième congrès
des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants,
Rappelant que, dans sa résolution 40/35 du 29 novembre
1985, elle a demandé que l’on élabore des normes pour la prévention de la
délinquance juvénile en vue d’aider les Etats membres dans la formulation et
l’application de programmes et politiques spécialisés mettant l’accent sur
l’assistance, l’intérêt et la participation de la communauté, et qu’elle a
demandé au Conseil économique et social de faire rapport au huitième Congrès
des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants
sur les progrès accomplis dans l’élaboration de ces normes pour que le Congrès
les examine et décide de la suite des travaux,
Rappelant également que, dans la section II de sa
résolution 1986/10 du 21 mai 1986, le Conseil économique et social a prié le
huitième congrès d’examiner le projet de normes pour la prévention de la
délinquance juvénile, en vue de les adopter,
Reconnaissant la nécessité d’élaborer des approches et
des stratégies nationales, régionales et internationales pour la
prévention de la délinquance juvénile,
Affirmant que tout enfant possède en sa qualité d’être
humain des droits fondamentaux, notamment celui d’accéder à l’éducation
gratuite,
Consciente du grand nombre de jeunes qui, qu’ils
enfreignent ou non la loi, sont abandonnés, négligés, maltraités, exposés à la
drogue ou en situation marginale et, d’une manière générale, en situation de
« risque social »,
Considérant les bienfaits de politiques nouvelles pour
la prévention de la délinquance et pour le bien être de la collectivité,
1. Note avec
satisfaction les travaux de fond accomplis par le Comité pour la prévention du
crime et la lutte contre la délinquance et par le Secrétaire général dans
l’élaboration des principes directeurs pour la prévention de la délinquance
juvénile ;
2. Rend hommage
au Centre arabe d’études et de formation en matière de sécurité de Riyad pour
le précieux concours qu’il a apporté en accueillant la Réunion internationale
d’experts sur l’élaboration d’un projet
de principes directeurs des Nations Unies pour la prévention de la
délinquance juvénile, qui s’est tenue à Riyad du 28 février au 1er
mars 1988, en collaboration avec l’Office des Nations Unies à Vienne ;
3. Adopte les
principes directeurs des Nations Unies pour la prévention de la délinquance
juvénile qui figurent dans l’annexe à la présente résolution et convient de les
dénommer « Principes directeurs de Riyad » ;
4. Appelle les
Etats Membres, dans le cadre de leurs plans d’ensemble pour la prévention du
crime, à appliquer les Principes directeurs de Riyad dans leur législation,
leurs politiques et leurs pratiques nationales et à appeler sur ces derniers
l’attention des autorités compétentes, y compris les décideurs, le personnel
des services de la justice pour mineurs,
les éducateurs, les médias, les médecins et les chercheurs ;
5. Prie le
Secrétaire général et les Etats Membres d’assurer la diffusion la plus large
possible au texte des Principes directeurs de Riyad dans toutes les langues
officielles de l’Organisation des Nations Unies ;
6. Prie le
Secrétaire général et tous les services compétents et institutions intéressées
des Nations Unies en particulier le
Fonds des Nations Unies pour l’enfance, ainsi que les experts, de faire un
effort concerté pour promouvoir l’application des Principes directeurs de
Riyad ;
7. Prie
également le Secrétaire général d’intensifier la recherche sur les situations
de risque social et sur l’exploitation des enfants, notamment aux fins
d’activités criminelles, en vue de mettre au point des contre mesures globales,
et de faire rapport sur ce sujet au neuvième Congrès des Nations Unies pour la
prévention du crime et le traitement des délinquants ;
8. Prie en
outre le Secrétaire général de publier un manuel composite sur les normes
devant régir la justice pour mineurs, qui contiendrait l’Ensemble de règles
minima des Nations Unies concernant l’ administration de la justice pour
mineurs (Règles de Beijing), les Principes directeurs des Nations Unies pour la
prévention de la délinquance juvénile (Principes directeurs de Riyad) et les
Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés de liberté,
ainsi qu’une série de commentaires détaillés sur leurs dispositions ;
9. Prie instamment
tous les organes et organismes compétents des Nations Unies de collaborer avec
le Secrétaire général afin que soient prises les mesures nécessaires à la mise
en œuvre de la présente résolution ;
10. Invite la
Sous Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la
protection des minorités de la Commission des droits de l’homme à examiner ce
nouvel instrument international afin de promouvoir l’application des
dispositions qu’il contient ;
11. Invite les
Etats membres à soutenir vigoureusement l’organisation de réunions techniques
et scientifiques ainsi que des projets pilotes et de démonstration portant sur
les questions pratiques et les questions d’orientation que posent l’application
des dispositions des Principes directeurs de Riyad et la mise en place de
mesures concrètes à l’intention des services communautaires qui doivent
répondre aux besoins, problèmes et
préoccupations particuliers des jeunes, et prie le Secrétaire général de coordonner
les efforts dans ce domaine ;
12. Invite
également les Etats Membres à informer le Secrétaire général de la mise en
œuvre des Principes directeurs de Riyad et à faire régulièrement rapport au Comité pour la prévention du crime et la
lutte contre la délinquance sur les résultats obtenus ;
13. Recommande
que le Comité pour la prévention du crime et la lutte contre la délinquance
prie le neuvième Congrès d’examiner les progrès réalisés dans la promotion et
l’application des Principes directeurs de Riyad et des recommandations
contenues dans la présente résolution, au titre d’un point distinct de son
ordre du jour consacré à la justice pour mineurs, et qu’il garde cette question
à l’étude.
I - PRINCIPES
FONDAMENTAUX
1° - La prévention de la délinquance juvénile est
un élément essentiel de la prévention du crime. En s’adonnant à des activités
licites et utiles à la société et en se plaçant à l’égard de celle-ci et de la
vie dans une perspective humaniste, les jeunes peuvent acquérir une mentalité
non criminogène.
2° - Pour
que la prévention de la délinquance
juvénile porte ses fruits, il faut que la société tout entière assure le
développement harmonieux des adolescents en respectant leur personnalité et en
favorisant l’épanouissement des jeunes dès la plus tendre enfance.
3° - Aux fins
de l’interprétation des présents Principes directeurs, il conviendrait
d’adopter une orientation axée sur l’enfant. Les jeunes devraient avoir un rôle
actif de partenaires dans la société et ne pas être considérés comme de simples
objets de mesures de socialisation ou de contrôle.
4° - Pour la
mise en oeuvre des présents Principes directeurs, tout programme de prévention devrait, conformément aux systèmes juridiques
nationaux, être axé sur le bien être des jeunes dès la petite enfance.
5° - Il faudrait
reconnaître la nécessité et l’importance d’adopter des politiques de prévention
de la délinquance nouvelles ainsi que d’étudier systématiquement et d’élaborer
des mesures qui évitent de criminaliser
et de pénaliser un comportement qui ne cause pas de dommages graves à
l’évolution de l’enfant et ne porte pas de préjudice à autrui. Ces politiques
et mesures devraient comporter les éléments suivants :
a.
dispositions,
en particulier en matière d’éducation, permettant de faire face aux divers
besoins des jeunes et de constituer un cadre de soutien assurant le
développement personnel de tous les jeunes et particulièrement de ceux qui sont
à l’évidence « en danger » ou en état de « risque social »
et ont besoin d’une attention et d’une protection spéciales ;
b.
adoption
de conceptions et de méthodes spécialement adaptées à la prévention de la
délinquance et concrétisées par des textes législatifs, des processus, des
institutions, des installations et un réseau de services visant à réduire la
motivation, le besoin et les occasions de commettre des infractions et à
éliminer les conditions donnant lieu à un tel comportement ;
c.
intervention
officielle ayant pour principal objet
l’intérêt général du mineur et s’inspirant de la justice et de l’équité ;
d.
protection
du bien être, du développement, des droits et des intérêts de tous les
jeunes ;
e.
conscience
que le comportement ou la conduite d’un jeune qui n’est pas conforme aux normes
et valeurs sociales générales relève souvent du processus de maturation et de
croissance et tend à disparaître spontanément chez la plupart des individus
avec le passage à l’âge adulte ;
f.
conscience
que , d’après l’opinion prédominante des experts, qualifier un jeune de
« déviant », de « délinquant » ou de
« prédélinquant » contribue souvent au développement chez ce dernier
d’un comportement systématiquement répréhensible.
6° - Il
conviendrait de mettre en place des services et programmes communautaires de
prévention de la délinquance juvénile, surtout
dans les cas où aucun service de
type classique n’a encore été établi, et de n’avoir recours qu’en dernier
ressort aux services classiques de contrôle social.
II - PORTEE DES
PRINCIPES DIRECTEURS
7° - Les
présents Principes directeurs seront interprétés et appliqués dans le cadre
général de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du Pacte
international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, de
la Déclaration des droits de l’enfant et
de la Convention relative aux droits de l’enfant, et dans le cadre de
l’Ensemble de règles minima des Nations Unies concernant l’administration de la
justice pour mineurs (Règles de Beijing), ainsi que d’autres instruments et
normes intéressant les droits , intérêts et bien être de tous les enfants et de
tous les jeunes.
8° - Les
présents Principes directeurs seront appliqués dans le contexte de la situation
économique, sociale et culturelle propre à chaque Etat
membre.
III -
PREVENTION GENERALE
9° - Il faut
instituer à chaque échelon de l’administration publique des plans de prévention
complets prévoyant notamment :
a. des analyses approfondies du problème
et un inventaire des programmes, services, équipements et ressources
existants ;
b. l’attribution de responsabilités
clairement définies aux organismes et institutions engagés dans les actions de
prévention ainsi qu’à leur personnel ;
c. l’existence de mécanismes de
coordination des actions de prévention entre organismes gouvernementaux et non
gouvernementaux ;
d. la définition de politiques, de
programmes et de stratégies fondés sur des analyses pronostiques, à suivre de
façon soutenue et à évaluer soigneusement pendant leur application ;
e. l’adoption de méthodes permettant de
réduire efficacement les possibilités de commettre des actes délictueux ;
f. la participation de la collectivité
grâce à un vaste gamme de services et de
programmes ;
g. une étroite coopération
interdisciplinaire entre pouvoir central, pouvoirs intermédiaires
(province, Etat, département) et
pouvoirs locaux, faisant appel au secteur privé, à des notabilités de la
communauté visée et à des organismes responsables des questions de travail, des
soins aux enfants, de l’éducation sanitaire, de la protection sociale et de l’application des lois ainsi qu’à des
instances judiciaires, pour le déploiement d’actions concertées de prévention
de la délinquance juvénile ;
h. la participation des jeunes aux
politiques et processus de prévention de la délinquance mettant notamment en
jeu les ressources communautaires, l’assistance entre jeunes et des programmes
d’indemnisation et d’assistance en faveur des victimes ;
i. le
recrutement de personnel spécialisé à tous les niveaux.
IV - PROCESSUS
DE SOCIALISATION
10° - Il faut
mettre l’accent sur des politiques de prévention propres à faciliter une
socialisation et une intégration réussies de tous les enfants et de tous les
jeunes – spécialement par le biais de la famille, de la communauté, de groupes
de « pairs », de l’école, de la formation professionnelle et du
monde du travail et par le recours à des
organisations bénévoles. Il faut apporter l’attention voulue à l’épanouissement
personnel des jeunes et des enfants qui devraient être intégralement reconnus
comme des partenaires égaux dans les processus de socialisation et
d’intégration.
A - La famille
11° - Chaque
société doit accorder une grande importance aux besoins et au bien être de la famille et de tous ses
membres.
12° - Comme la
famille est l’unité centrale responsable de la socialisation primaire de
l’enfant, des efforts devront être faits par les pouvoirs publics et les
organismes sociaux pour maintenir l’intégrité de la famille, y compris de la
famille élargie. La société a la responsabilité d’aider la famille à fournir
soins et protection aux enfants et à leur assurer le bien être physique et
mental. Il faudrait prévoir des garderies
en suffisance.
13° - L’Etat
doit prendre les mesures voulues pour que les enfants soient élevés dans un
environnement familial stable et serein. Il doit en particulier fournir
l’assistance sociale nécessaire aux parents qui en ont besoin pour
maîtriser les situations d’instabilité
ou de conflit.
14° - Lorsque,
d’une part, un environnement familial stable et serein fait défaut et que,
d’autre part, les efforts de la collectivité pour fournir aux parents l’aide
nécessaire ont échoué et qu’on ne peut pas compter à cet égard sur la famille
élargie, le recours à des foyers de substitution (parents nourriciers ou
adoptifs) doit être envisagé. Ceux-ci doivent recréer le plus complètement
possible une ambiance familiale stable et sereine et procurer à l’enfant une impression de
« continuité » qui lui évite
de se sentir « balloté » entre un foyer et un autre.
15° - Une
attention particulière doit être apportée aux enfants de familles affectées par
l’évolution rapide et irrégulière de la situation économique, sociale et
culturelle, en particulier aux enfants de familles de minorités autochtones et
de familles migrantes et réfugiées. Comme cette évolution peut porter atteinte
à la capacité sociale de la famille d’assurer l’éducation traditionnelle des
enfants, souvent par suite de conflits
de rôles et de cultures, il faut alors chercher des modalités novatrices et socialement
constructives de socialisation des
enfants.
16° - Il faut,
en entreprenant les activités et les programmes nécessaires, mettre les
familles en mesure de se familiariser
avec les rôles et devoirs des parents touchant le développement et les
soins des enfants, promouvoir l’instauration de relations positives entre
parents et enfants, sensibiliser les parents aux préoccupations des enfants et
des jeunes et encourager la participation des jeunes aux activités familiales
et communautaires.
17° - L’Etat
doit s’employer à promouvoir la cohésion et l’harmonie familiale et à
décourager la séparation des enfants de leurs parents, sauf lorsqu’il y va du
bien être et de l’avenir de l’enfant.
18° - Il est
important d’insister sur la fonction de socialisation de la famille et de la
famille élargie et il est non moins important de reconnaître le rôle et la responsabilité futurs des jeunes dans
la société, ainsi que leur participation en tant que partenaires égaux.
19° - Pour
garantir le droit de l’enfant à une socialisation satisfaisante, l’Etat et les
autres instances doivent non seulement recourir
aux organismes sociaux et juridiques existants, mais aussi créer ou
prévoir des mesures d’un type nouveau lorsque les institutions et coutumes
traditionnelles sont devenues inopérantes.
B - L’éducation
20° - L’Etat a
le devoir d’assurer à tous les jeunes l’accès à l’éducation publique.
21° -
Outre leur mission d’enseignement
et de formation professionnelle, les systèmes éducatifs doivent s’attacher
particulièrement :
a. à enseigner à l’enfant les valeurs fondamentales et le
respect de l’identité et des traditions culturelles qui sont les siennes, des
valeurs du pays dans lequel il vit, des civilisations différentes de la sienne et
des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;
b. à promouvoir le plein épanouissement de
la personnalité, des talents et des aptitudes mentales et physiques des
jeunes ;
c. à amener les jeunes à participer de
manière active et constructive au processus éducatif, au lieu de se borner à le
subir ;
d. à soutenir les activités qui favorisent chez les
jeunes un sentiment d’identification et
d’appartenance à l’école et à la communauté ;
e. à favoriser chez les jeunes la compréhension et le
respect des divers points de vue et opinions, ainsi que des différences
culturelles et autres ;
f. à fournir aux jeunes des renseignements
et des conseils en matière de formation professionnelle, de possibilités
d’emploi et de perspectives de carrière ;
g. à apporter aux jeunes un soutien moral
et à éviter de leur infliger des mauvais
traitements d’ordre psychologique ;
h. à éviter les mesures disciplinaires dures
spécialement les châtiments corporels.
22° - Il faut
que les systèmes éducatifs cherchent à collaborer avec les parents, les
organisations communautaires et les institutions qui s’intéressent aux
activités des jeunes.
23° - Il faut
faire connaître la loi aux jeunes et à leurs familles ainsi que leurs
droits et responsabilités au regard de
la loi et le système universel de valeurs, notamment les instruments des
Nations Unies.
24° - Il faut
que les systèmes éducatifs se préoccupent particulièrement des jeunes en
situation de « risque social ». Il faut élaborer et pleinement
utiliser à cet effet des programmes, approches
et outils pédagogiques de prévention spécialement
adaptés.
25° - Il faut
s’attacher, par des politiques et stratégies globales, à prévenir l’abus chez
les jeunes de l’alcool, des drogues et
d’autres substances. Les enseignants et les autres éducateurs devraient être
équipés pour prévenir et traiter ces problèmes. Des informations sur la
consommation et l’abus des drogues, y compris l’alcool, doivent être fournies à
la population scolaire et universitaire.
26° - L’école
devrait servir de centre d’information et d’orientation pour la fourniture de soins médicaux, de conseils et
d’autres services aux jeunes,
spécialement à ceux qui ont des besoins particuliers et qui sont maltraités,
négligés, brimés et exploités.
27° - Il
faudrait s’efforcer, par diverses actions éducatives, de sensibiliser les
enseignants et autres adultes, ainsi que l’ensemble des étudiants, aux
problèmes, aux besoins et aux
représentations collectives des jeunes, en particulier ceux qui appartiennent à
des groupes déshérités, défavorisés et à faibles revenus, ou à des groupes,
ethniques ou autres, minoritaires.
28° - Il
faudrait que les systèmes scolaires visent le plus haut niveau professionnel et
éducatif possible s’agissant des programmes,
des méthodes et des approches didactiques et pédagogiques, et aussi du
recrutement et de la formation d’enseignants qualifiés, et qu’une surveillance
et une évaluation permanente des résultats soient assurées par des
organisations et instances professionnelles compétentes.
29° - L’école
devrait, en collaboration avec les groupes communautaires, prévoir, élaborer et
mener des activités hors programmes propres à intéresser les jeunes.
30° - Il
faudrait aider spécialement les enfants et les jeunes qui ont des difficultés à
observer les règles d’assiduité scolaire, ainsi que ceux qui abandonnent leurs
études en cours de route.
31° - L’école
devrait promouvoir des politiques et des règles justes et équitables, et les
élèves devraient être représentés dans les organes de décision chargés de la
politique scolaire, notamment de la politique en matière de discipline et de
prise de décisions.
C - La
communauté
32° - Il faudrait mettre en place ou renforcer, s’il en existe déjà,
des services et des programmes à assise communautaire qui répondent aux besoins
et préoccupations des jeunes et leur offrent, ainsi qu’à leur famille, des
indications et des conseils appropriés.
33° - Il
faudrait que la communauté mette en place, ou renforce, s’il en existe déjà,
des moyens très variés d’assistance communautaire aux jeunes tels que des
centres de développement communautaire, équipements récréatifs et services
conçus en fonction des problèmes spéciaux des enfants en situation de
« risque social ». Il faudrait veiller, ce faisant, à respecter les
droits de l’individu.
34° - Des
locaux spéciaux devraient être aménagés pour héberger correctement les jeunes
qui ne peuvent plus vivre au foyer familial, ou qui n’ont pas de foyer.
35° - Il
faudrait mettre en place un ensemble de services et de mesures d’assistance
pour faciliter aux jeunes le passage à l’âge adulte. Il faudrait notamment
instituer, à l’intention des jeunes toxicomanes, des programmes spéciaux mettant l’accent sur la prise en
charge, le conseil et les interventions à visée
thérapeutique.
36° - Les
organisations bénévoles s’occupant de la jeunesse devraient recevoir des aides
financières et autres de l’Etat et d’autres institutions.
37° - Il
faudrait créer, ou renforcer, s’il en existe déjà, des organisations locales de
jeunes et leur accorder un statut de participant à part entière dans la gestion
des affaires communautaires. Ces organisations devraient encourager les jeunes
à lancer des actions collectives bénévoles, en particulier des projets en
faveur de jeunes ayant besoin d’une assistance.
38° - Il
faudrait que les organismes publics se chargent plus particulièrement des
enfants sans foyer ou vivant dans la
rue, et leur assurent les services
nécessaires ; les jeunes devraient pouvoir obtenir sans difficulté des
informations sur les équipements, moyens d’hébergement, possibilités d’emploi
et autres sources d’assistance au niveau local.
39° - Il
faudrait créer et rendre aisément accessibles aux jeunes un large éventail
d’équipements et services récréatifs présentant un intérêt particulier.
D - Les médias
40° - Il
faudrait encourager les médias à assurer aux jeunes l’accès à des informations
et à des documents provenant de sources nationales et internationales diverses.
41° - Il
faudrait encourager les médias à mettre
en relief le rôle positif des jeunes dans la société.
42° - Les
médias devraient être encouragés à diffuser des renseignements sur les
services et les possibilités qui
s’offrent aux jeunes dans la société.
43° - Il
faudrait inciter les médias en général, et la télévision et le cinéma en
particulier, à faire le moins de place possible à la pornographie, à la drogue
et à la violence, à présenter la violence et l’exploitation sous un jour
défavorable, à éviter de représenter des scènes humiliantes et dégradantes,
notamment en ce qui concerne les enfants, les femmes et les relations
interpersonnelles, et à promouvoir les principes d’égalité et les modèles
égalitaires.
44° - Les
médias devraient être conscients de l’importance de leur rôle et de leurs responsabilités sur le plan social, ainsi que de l’influence
qu’ils exercent par leurs messages relatifs à l’abus des drogues et de l’alcool
chez les jeunes. Ils devraient mettre cette influence au service de la
prévention de cet abus en diffusant des messages cohérents et impartiaux. Il
faudrait encourager l’organisation, à tous les niveaux de campagnes efficaces
de sensibilisation au problème de la drogue.
V - POLITIQUE
SOCIALE
45° - Les
pouvoirs publics devraient accorder une importance primordiale aux plans et
programmes destinés aux jeunes et allouer des crédits suffisants pour le
financement des services, équipements et personnels nécessaires en matière de
soins médicaux, de santé mentale, de nutrition, de logement, et dans d’autres
domaines, y compris la prévention de l’abus des drogues et de l’alcool et le
traitement des toxicomanes, en veillant à ce que ces fonds profitent
effectivement aux jeunes.
46° - Le
placement des jeunes en institutions devrait n’intervenir qu’en dernier ressort
et ne durer que le temps absolument indispensable, l’intérêt de l’enfant
étant la considération essentielle. Il
faudrait définir strictement les critères de recours aux interventions
officielles de ce type, qui devraient être limitées normalement aux situations
suivantes :
a. L’enfant ou
l’adolescent a enduré des
souffrances infligées par ses parents ou
tuteurs ;
b. L’enfant ou l’adolescent a subi des
violences sexuelles, physiques ou affectives de la part des parents ou
tuteurs ;
c. L’enfant ou l’adolescent a été négligé, abandonné
ou exploité par ses parents ou tuteurs ;
d.
L’enfant est menacé physiquement ou moralement par le comportement de
ses parents ou tuteurs ; et
e. L’enfant ou l’adolescent est exposé à un grave danger physique ou
psychologique du fait de son propre comportement et ni lui, ni ses parents ou tuteurs, ni les
services communautaires hors institution ne peuvent parer ce danger par des
moyens autres que le placement en institution.
47° - Les
organismes publics devraient offrir aux jeunes la possibilité de poursuivre des
études à plein temps (financées par
l’Etat lorsque les parents ou tuteurs sont incapables d’en assumer la charge)
et d’apprendre un métier.
48° - Il
faudrait mettre en place des programmes de prévention de la délinquance fondés
sur les résultats de recherches scientifiques sérieuses, puis en surveiller et
en évaluer périodiquement l’application ou les modifier, le cas échéant.
49° - Il
faudrait diffuser auprès des spécialistes et du public des informations
scientifiques sur le type de comportement et de circonstances qui peuvent
entraîner la victimisation physique ou morale et l’exploitation des jeunes ou qui sont symptomatiques d’une telle
situation.
50° - Dans
l’ensemble, la participation aux plans et programmes devrait être volontaire,
et il faudrait que les jeunes eux mêmes prennent part à la conception, à
l’élaboration et à l’exécution de ces plans et programmes.
51° - Les
gouvernements devraient commencer ou continuer à envisager, élaborer et
appliquer des mesures et des
stratégies à l’intérieur ou à
l’extérieur du système de justice pénale pour éviter la violence dans la
famille dont sont victimes les enfants et pour assurer à ces derniers un
traitement équitable.
VI - LEGISLATION ET ADMINISTRATION DE LA JUSTICE POUR
MINEURS
52° - Les
gouvernements devraient adopter et appliquer des lois et procédures visant à
promouvoir et à protéger les droits et
le bien être de tous les jeunes.
53° - Ils
devraient en particulier adopter et appliquer une législation interdisant de
maltraiter et d’exploiter les enfants et les jeunes ainsi que de les utiliser pour des activités criminelles.
54° - Aucun
enfant ou jeune ne doit subir de correction ou de punition dures, ou
dégradantes, que ce soit à la maison, à l’école ou ailleurs.
55° - Il faut
promouvoir l’adoption et l’application de textes visant à restreindre et
contrôler l’accès des enfants et des jeunes aux armes de toutes sortes.
56° - Pour
prévenir toute stigmatisation, victimisation et criminalisation ultérieures des jeunes, il faudrait adopter
des textes disposant que les actes non considérés comme délictuels ou pénalisés
s’ils sont commis par un adulte ne devraient
pas être sanctionnés s’ils sont commis par un jeune.
57° - On
devrait envisager la création d’un poste de médiateur pour les jeunes ou d’un
organe indépendant chargé de fonctions similaires, qui veillerait à ce que le
statut, les droits et les intérêts des jeunes soient préservés et à ce que les
intéressés soient correctement dirigés vers les services appropriés. Le
médiateur ou l’autre organe désigné superviserait aussi l’application des
Principes directeurs de Riyad, des Règles de Beijing et des Règles pour la
protection des mineurs privés de liberté. Le médiateur publierait à intervalles
réguliers un rapport sur les progrès accomplis et sur les difficultés
rencontrées dans le processus d’application des instruments. Il faudrait aussi
créer des services chargés de défendre la cause de l’enfance.
58° - Il
faudrait donner au personnel (hommes et femmes) des organes chargés de faire
respecter la loi et autres organes compétents la formation nécessaire pour
qu’ils sachent répondre aux besoins particuliers des jeunes et connaissent et utilisent autant que faire se peut les
possibilités et les programmes de prise
en charge qui permettent de soustraire les jeunes au système judiciaire.
59° - Il
faudrait adopter et appliquer strictement une législation visant à protéger les
enfants et les jeunes contre l’abus et
le trafic des drogues.
VII -
RECHERCHE, ELABORATION DE POLITIQUES ET COORDINATION
60° - Il
faudrait s’employer à promouvoir, notamment par la création de mécanismes
appropriés, l’interaction et la coordination pluridisciplinaires et
intrasectorielles requises entre les organismes et services économiques,
sociaux, éducatifs et sanitaires, le système judiciaire, les organismes pour la
jeunesse, les organismes communautaires et les organismes de développement et
autres institutions intéressées.
61° - Il
faudrait intensifier l’échange, aux niveaux national, régional et
international, des renseignements de
l’expérience et de l’expertise acquis à la faveur de projets, de programmes,
d’actions et d’initiatives en matière de criminalité juvénile, de prévention de
la délinquance et de justice pour mineurs.
62° - Il
faudrait développer et renforcer encore la coopération régionale et
internationale en matière de criminalité juvénile, de prévention de la
délinquance et de justice pour mineurs, en y associant des praticiens, des experts
et des décideurs.
63° - Il
faudrait que la coopération technique et scientifique en matière de prévention
de la délinquance, qu’il s’agisse de ses aspects pratiques ou de ses grandes
orientations, en particulier pour ce qui est de la conduite d’actions de formation et de projets pilotes ou de
démonstration, ou qu’elle porte sur des thèmes précis, concernant la prévention
de la criminalité juvénile et de la délinquance des jeunes, bénéficie d’un
ferme appui de la part de tous les gouvernements, du système des Nations Unies
et des autres organisations intéressées.
64° - Il
faudrait encourager la réalisation de travaux de recherche scientifique
concertée sur des modalités efficaces de prévention de la criminalité et de la
délinquance juvéniles et en diffuser largement et en évaluer les résultats.
65° - Les
organes, instituts, institutions et bureaux compétents des Nations Unies
devraient maintenir entre eux une collaboration et une coordination étroites
sur diverses questions concernant les enfants, la justice pour mineurs et la
prévention de la délinquance.
66° - Le
Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies devrait, sur la base des présents Principes directeurs et en
collaboration avec les institutions intéressées, jouer un rôle actif dans la
recherche, la coopération scientifique et la formulation de grandes options
comme dans l’examen et la surveillance continue de leur application et, ce
faisant, constituer une source de renseignements fiables sur des modalités
efficaces de prévention de la
délinquance.